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Didon et Enée par Sasha Wal: Plongée en eaux troubles

La Monnaie de Bruxelles accueille, pour l'une de ses excursions saisonnière au Théâtre National, la production de Didon et Enée de Purcell réglée par la chorégraphe allemande .

Créée en 2005 au Staatsoper de Berlin et à Luxembourg, ce spectacle était la première excursion de l'artiste en dehors du monde de la danse. Considérée comme la plus importante chorégraphe allemande après Pina Bausch, la danseuse qui avoue avoir été fascinée par le « mythe de l'amour qui renverse la haine, le récit de réfugiés et d'apatrides, une histoire d'amour au temps de la guerre», s'avère plutôt mal à l'aise dans cet opéra baroque.

On sait que le texte musical de Purcell est très lacunaire. Ce spectacle s'appuie sur une édition d' qui bouleverse en profondeur la partition traditionnellement jouée. L'ajout d'un long prologue et de parties chorales tirées d'autres pièces de Purcell comme King Arthur, ralongent le matériau musical, mais l'œuvre en perd sa force dramatique.

s'efforce malheureusement de compliquer le propos et d'y inclure des tableaux les plus inattendus et bardés de références à l'Histoire de l'art, mais souvent hors sujets comme la séance de baignade collective dans l'Aquarium introductif. Les chanteurs sont doublés par des danseurs avec qui les solistes et les choristes évoluent au milieu d'eux. C'est parfois touchant, comme la scène du départ d'Enée, mais l'effet global de cette scénographie est assez négatif car il complique la fluidité narrative alors qu'on perd le sens de certaines idées.

Dans la fosse et à la tête d'un des meilleurs orchestres baroque du monde, Daniel Reus se limite hélas à une excellente, mais froide exécution technique des notes. Sa direction ultra-précise est avare de couleurs et de lumières. La Didon de Sarah Connoly est émouvante mais le timbre n'est pas des plus séduisants ; l'Enée de Reuben Willcox est altier et souverain. Très belle prestation également d'Elizabeth Cragg et de .

En conclusion, beaucoup de luxes chorégraphiques et vocaux dans une version qui se perd en trop d'intentions. La collaboration entre les chorégraphes et l'opéra a pourtant débouché sur des merveilles comme la désormais légendaire production de l'Orfeo de Monteverdi par Trisha Brown pour ce même théâtre de La Monnaie.

Crédit photographique : © Sebastian Bolesch

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