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Laurent Naouri, l’adieu au romantisme

Qui est ? C'est par cette phrase que nous avions salué un enregistrement récent de son œuvre chorale. A l'occasion de l'exposition sur Ferdinand Hodler, une série de concerts « Regards sur la Suisse » permettait de découvrir à l'Auditorium du Musée d'Orsay divers compositeurs helvétiques. La venue d'au moins une œuvre d'Othmar Schœck était inévitable.

Elegie est un vaste cycle de lieder dans la descendance de Schubert, Schumann, Brahms et Mahler, des esthétiques pourtant opposée qui se retrouvent dans cette pièce. Le langage de Schœck reste très personnel, d'un post-romantisme à fleur de peau, extrêmement chromatique. L'écriture vocale n'est jamais exposée, toujours dans le médium-grave. L'accompagnement d'un « orchestre en réduction », très courant à cette époque, montre une maîtrise exemplaire de l'instrumentation. Loin de toute austérité, ces 24 lieder d'une richesse sonore inouïe, découverte totale pour le public parisien, ont bénéficié du service de musiciens au zénith de leurs capacités. Les membres de l'Orchestre de Paris, en formation réduite, donnent le meilleur d'eux-mêmes, sous la direction ferme et attentive de . Aidé d'un accompagnement d'une telle qualité, ne pouvait que briller. Jamais la voix n'est forcée, l'émission est toujours souple, ample et généreuse, alliée à une prononciation exemplaire des poèmes de Lenau et Eichendorff. Son timbre sombre, presque noir correspond à merveille à ce cycle tout à la fois mélancolique et pastoral.

La courte seconde partie, faite des seuls Chants sérieux de Brahms, confirme le talent de récitaliste de  : soin apporté au texte, homogénéité du timbre, sonorité posée. La redoutable partie pianistique sous les doigts de est littéralement transcendée. Loin des récitals clinquant d'autres grandes salles, c'est à une véritable « classe de maître » d'interprétation du lied que le public a été convié ce soir là.

Crédit photographique : © DR

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