- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Bach, pour l’indicible flamme

et

Fin décembre, et , sortaient chez Paraty, un disque consacré aux Sonates pour viole de gambe et clavecin obligé et le Concerto italien de . En cette soirée glaciale sur Chartres, nos deux jeunes artistes, nous ont proposé une partie de ce programme lors d'un concert au Musée des Beaux-Arts de Chartres.

Tandis que les étoiles palpitaient à l'extérieur, et , nous ont invités à un concert entre ami(e)s, redonnant vie à cette lumière intime, à cette flamme dont l'intensité est « Œuvre au noir ».

La viole de gambe d'Emmanuelle Guigues et le clavecin de Bruno Procopio, semblent mener une vie dont l'indépendance enrichit nos interprètes. Leurs sourires en disent long sur ces ombres qui semblent leur suggérer des gestes, des touchers, un mouvement souple et félin qui parfois par leurs rires étouffés semblent les « troubler », ou plutôt les bouleverser par leur intensité. La tête de la viole de Gambe rie, et l'ombre de la main d'Emmanuelle, mais est-ce l'ombre de sa main, caresse l'instrument avec une infinie douceur ? Le jeu de cet étrange personnage rieur devient ludique lorsqu'il semble vouloir rappeler à l'interprète qu'il est bien là et qu'il l'habite pour mieux partager son secret. Dans la Suite V pour violoncelle seul, Emmanuelle semble dialoguer avec cet ami, mouvements imperceptibles, sensibles, évanescents, qui ce soir rend encore plus bouleversante cette suite.

Le clavecin qui est à l'origine de ce projet, si superbement mené, du disque à ce concert, est à lui seul un instrument qui mérite qu'on se déplace pour l'entendre. Et Bruno Procopio sait le faire chanter. Attentif, à son écoute, il se plait à nous en offrir la quintessence, et donne à la Sonate « Württemberg » III de , promesse d'un nouveau programme, une sombre légèreté, aux ornementations subtiles, à l'éloquence élégante.

Une fois de plus nos deux interprètes ont su donner aux Sonates de , une vibration dont l'énergie est celle d'une quête loin de s'achever et dans l'Andante de la Sonate I en sol majeur, ils parviennent à nous faire percevoir, l'indicible flamme qui consume cette musique.

N'avez-vous jamais rêvé à cet instant fugace, comme celui de ce trait de lumière qui vient caresser la pierre blonde au coucher du soleil ? Et bien ce concert, dont le public n'était certes pas assez nombreux, a vécu cet instant magique, grâce aux talents conjugués de nos deux jeunes interprètes à l'avenir radieux qui savent redonner vie aux murmures du temps qui passe comme dans La Siciliana.

Crédit Photographique © DR

(Visited 411 times, 1 visits today)