- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Georges Prêtre, premier Français pour le concert du nouvel an

Pour la première fois de son histoire, l' a invité un chef français pour son concert du nouvel an. On dit parfois que le Philharmoniker est en pilotage automatique pour ce genre de répertoire et qu'il mènerait la barque plus que le chef. Force est de constater que le maestro de 83 printemps –qui dirige par cœur- tient encore fermement les rênes et ne monte pas dans le train en marche. Evidemment, ceux qui attendent d'une direction d'orchestre qu'elle soit photogénique ou qui croient que l'efficacité d'un chef se mesure aux moulinets ou à l'agitation surjouée pour la galerie en seront pour leurs frais. Le vétéran maestro ne bondira pas comme un jeune loup de la baguette ou ne sautillera pas frénétiquement. Le néophyte aura peut-être l'impression que le chef n'a pas grand-chose à diriger et que l'orchestre, une fois lancé, se débrouille seul. Mais la direction d'orchestre, c'est d'abord tout le travail de répétitions en amont qu'on ne voit pas ici ; c'est parfois une simple impulsion, un regard : nul besoin de multiplier les effets. On pourra préférer la folie débridée d'un Carlos Kleiber, mais la direction de Prêtre force le respect.

Autre avantage de ce concert : la présence de six inédits à coloration française pour la plupart : La polka de Laxenburg de  ; la valse Paris (qui cite la Marseillaise, audace au royaume austro-hongrois de l'époque !) et le Galop de Versailles de père ; La Marche de Napoléon, la polka française La Parisienne et le Quadrille d'Orphée de II. On sent le maestro particulièrement à l'aise dans ses clins d'œil à la France et les citations d'Offenbach dudit Quadrille, enlevé et fougueux à souhait. Quelques allusions à l'actualité 2008 apparaissent ici et là : un Galop Chinois savoureux de Strauss père pour les jeux olympiques, ou une Polka sportive de pour la coupe d'Europe de football qui est organisée par la Suisse et l'Autriche. Ce qui nous donne à voir pendant ce bis le Philharmoniker portant l'écharpe de l'équipe nationale autrichienne et en arbitre avec sifflet et carton jaune !

Les mélomanes qui le désirent peuvent suivre la retransmission intégrale filmée dans la salle du Musikverein, ou basculer sur les bonus pour voir trois extraits chorégraphiés : la valse Profitez de la vie et la Tritsch-Tratsch-Polka de Strauss fils dansées par les membres du ballet du Staatsoper-Volksoper, ainsi que La Parisienne mise en scène à l'Ecole espagnole d'équitation. Pour le deuxième bis, l'incontournable Beau Danube bleu, un couple de danseurs parcourt le Musikverein pour finir par entrer dans la salle et évoluer en direct sous les yeux ahuris des spectateurs.

Ce concert offre un juste équilibre entre la part de rite immuable imposé par le genre et la part de nouveautés incluses au programme, le tout dans une réalisation classique de Brian Large. Les allergiques au côté conventionnel et sucré de cet exercice de style passeront leur chemin. Les amateurs de musique légère et de plaisirs débonnaires se laisseront griser.

(Visited 461 times, 1 visits today)