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L’énergie sonore et le caractère contemplatif de Bruno Mantovani

A distance de quelques mois, un nouveau disque de fait sa sortie discographique réunissant trois œuvres : Le sette chiese, Streets, Eclair de lune, écrites dans les quatre dernières années.

Trois œuvres différentes par les effectifs qu'elles emploient, la durée, la conception musicale, qui révèlent surement l'évolution personnelle du compositeur et de son discours sonore complexe variant de l'ensemble traditionnel à l'introduction de l'électronique.

Le sette chiese (2002), première dans l'ordre chronologique se présente comme une œuvre singulière dans le catalogue de Mantovani. Sa longue durée (environ 40 minutes), son grand effectif (divisé en 4 groupes spatialisés), son inspiration architecturale, sont des éléments d'innovation dans le langage du compositeur qui abandonne momentanément toutes références à la musique populaire (autrefois caractéristique de ses travaux). Le titre s'inspire des sept églises de Bologne composées par des bâtisses « encastrées » les unes dans les autres. L'originalité architecturale de cet ancien complexe historique ouvre à une réflexion du compositeur sur l'espace comme motif « poétique » et point de départ pour une musique introspective mais sobre, basée sur la raréfaction des matériaux sonores.

L'orchestre (deux ensembles instrumentaux plus un trio et sextuor) disposée selon une géométrie complexe qui relève le principe d'antiphonie s'approprie l'espace environnant tout en le fragmentant et en le rythmant avec sa présence. L'usage d'un grand nombre de percussions et des deux pianos utilisés surtout pour leurs caractéristiques percussives (à évoquer le son de cloches ou des bruits environnants) complète l'ensemble instrumental « traditionnel » qui dessine les neuf « portraits » sonores.

Le premier mouvement « La piazza Santo Stefano » (dédicacée à Anna) avec ses bruits de percussions mélangés aux souffles de la flûte et aux notes hyper-aigues du piano, montre le chemin idéal d'entrée à l'église de Saint Jean-Baptiste. De là un parcours introspectif évoqué par des glissandi en quarts de tons, des références au chant grégorien, la superposition de matériaux rythmiques et enfin un système d'accords en forme d'accumulation, nous emmènent tout au long de cet ensemble religieux spectaculaire. De tout autre caractère Streets dédié à Pierre Boulez, et fondé sur un seul accord qui évolue rythmiquement alternant des passages très nerveux à d'autres plus calmes. Ce calme « apparent » prépare en réalité à des nouvelles transformations au caractère agité et frénétique. Eclair de lune avec son titre « romantique » marque le retour de Mantovani à l'électroacoustique. Les longues mesures d'introduction du piano sont la matière de base pour toutes transformations électroniques et pour un jeu de rappels et de renvois sonores de la partie instrumentale. L'élément électronique tout à fait intégré à l'écriture traditionnelle, l'ample usage des percussions (caractéristique de son langage), les virtuosités du piano, les sonorités pleines résument les aspects fondamentaux de l'écriture de Mantovani : grande énergie sonore et caractère contemplatif.

L', interprète et commandeur de ces œuvres, contribue sans doute à la réussite de ce disque. Les trames sonores simples mais de grand effet, à la base de la création et de la poétique de Mantovani, font partie depuis toujours du langage de l'Ensemble, qui sous la direction de traduit à la perfection l'esprit subtil du compositeur.

 

L'art d'écho, un album de , Clef ResMusica: 

L' « art d'écho » de Bruno Mantovani

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