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Philippe Cassard et Schubert : 20 ans déjà…

Après un Schumann extrêmement réussi, nous retrouvons avec grand plaisir dans une nouvelle page de Schubert.

Depuis son premier enregistrement paru en 1988, le style du pianiste a sensiblement mûri et sa personnalité musicale s'est agréablement développée : son jeu est spontané (pas de rubato excessifs), audacieux, et sa façon de tourner les phrases est plus recherchée, a pris de l'envergure et de la densité.

Le travail d'interprétation est remarquable dans ces Impromptus joués avec beaucoup de panache, de violence et de fièvre romantique. Les tempi, toujours de bon goût, sont parfois très personnels et correspondent à merveille au style frénétique de Cassard qui n'hésite pas à plaquer des accords massifs quand bon lui semble. Il va à l'essentiel, joue surtout sur les gros contrastes et utilise une gamme restreinte mais soignée de nuances, pour un résultat à la fois impétueux et poétique. Il aime les forte, les pianissimo mais il est difficile de trouver toutes les teintes possibles dans cet enregistrement. On pourrait lui reprocher ses choix musicaux, certes, et pourtant, une touche de nouveauté découle de ses doigts dans ce répertoire.

Certains préfèreront sans doute la légèreté et la finesse de Krystian Zimerman ou de Radu Lupu, qui sont de brillants Schubertiens au jeu plein de souplesse et de délicatesse. Néanmoins, Cassard a le mérite d'apporter une interprétation originale et digne d'intérêt à une abondante discographie.

Signalons enfin que l'enregistrement est de très bonne qualité sonore malgré un son légèrement métallique lors de certains passages.

Pour ceux qui voudraient découvrir le pianiste dans un tout autre exercice de style, nous vous conseillons la lecture de son Franz Schubert paru ce mois-ci chez Actes Sud.

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