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Gidon Kremer une Passion avant Pâques

Le programme proposé ce soir à la Philharmonie était plutôt dans la tradition classique du thème sacré de la semaine de Pâques. Heureusement, et sa nous ont donné une interprétation tout à fait originale et intéressante, d'une réelle intensité et d'une grande virtuosité.

est un des plus grands violonistes du XXe siècle. Son éblouissante technique, sa sonorité exceptionnelle, sa carrière peu conventionnelle et son indépendance d'esprit font de lui l'une des plus brillantes personnalités du monde de la musique classique. Il est en effet l'un des artistes les plus originaux de sa génération avec un goût pour un répertoire vaste et particulièrement aventureux, allant du baroque à notre temps. En 1997, il a fondé la , orchestre de chambre composé des meilleurs jeunes musiciens des trois pays baltes, devenue aujourd'hui l'un des plus célèbres ensembles internationaux en Europe.

Le violoniste letton dirigeait son orchestre très discrètement tout en jouant avec une grande maîtrise. L'ensemble jouait en parfaite harmonie. Ils débutèrent par un Pater Noster original d'une sonorité expressive lui donnant presque des accents contemporains.

est un des compositeurs géorgiens les plus réputés. Il est une des figures de proue dans le monde de la musique contemporaine. Sa musique trouve son inspiration dans la religion et le folklore géorgien. Son œuvre est souvent tonale, simple, voire minimaliste. L'œuvre qui nous était proposée ce soir fut créée en 2007 pour les quatre-vingts ans de Mstislaw Rostropovitch et les soixante ans de , tous deux, amis de Giya Kantcheli. Mstislaw Rostropovitch étant décédé peu après son anniversaire, le compositeur donna à l'œuvre le nom de Silent Prayer. Elle fut jouée pour la première fois le 7 octobre 2007 au festival de violoncelle de Kronberg, par Gidon Kremer, et la Kremerata Baltica. C'est une pièce étrange et intéressante par sa recherche de sonorités particulières, mêlant une voix mystérieuse et monotone d'un enfant, qu'on ne voit jamais aux glissements aigus des cordes. On ressentait une émotion particulière, divine et céleste, la présence d'un ange selon certains, une promenade calme dans un cimetière selon d'autres… une grande sérénité. Et nous avons eu la surprise de voir le compositeur Giya Kantcheli monter sur scène pour saluer le virtuose et son orchestre auquel le public a manifesté son enthousiasme par de chaleureux applaudissements.

L'œuvre de , purement instrumentale fut interprétée avec une grande profondeur et sans la traditionnelle et détestable compassion emphatique. Pour un peu, les spectateurs auraient pu oublier que ce chef d'œuvre fut composé il y a plus de deux siècles. Le dernier mouvement, le Terremoto transmettait un sentiment violent d'angoisse, une émotion intense. Le public a aimé. Le violoniste et son orchestre ont donné en remerciement deux très beaux bis de , compositeur particulièrement apprécié de Gidon Kremer, Melody in A mino et Suite Punta del Este – Fuge. Le violoniste confirmait ainsi sa passion pour les recherches musicales les plus diverses. Une bien belle soirée.

Crédit photographique : © Philharmonie. Gidon Kremer et la Kremerata Baltica à la Philharmonie

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