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Nelson Goerner : Liszt, le méconnu

Dans l'abondante discographie consacrée à Liszt, , Premier Prix du concours de Buenos Aires à 17 ans, est une figure d'exception. Il fait partie de ces interprètes qui s'approprient un répertoire avec une telle sensibilité et force de conviction qu'il contribue à forger la compréhension d'un compositeur.

A penser Liszt dans sa langue maternelle, la poésie, ne négligeant jamais la puissance narrative de son œuvre, impose une vision très achevée de la grande Sonate en si mineur (1853). Il décrypte patiemment toutes les humeurs que traverse la narration et passe avec une infinie délicatesse de l'emportement le plus orageux à l'espérance la plus confiante.

Dans la Ballade en si mineur (1853) et la Bagatelle sans tonalité (1885), il s'abandonne à une imagination pleine de ressources, creusant les contrastes et surprenant par une sensibilité introvertie et des phrases revêtues de lumière. La Mort d'Isolde (1867) en constitue un sommet. Aucun pathos dans ce théâtre du désespoir et de l'amour, mais une tendresse éperdue et un sens aigu du drame.

Enfin, avec un constant souci pour la précision, les nuances, la narration, il s'attèle à Mephisto Valse. Aucune exhibition virtuose incongrue, aucun tempo insolent pour ces pages qu'il régit d'une main de fer. Il retient même ce dernier pour jouer sur les accents, donner à entendre les détails cristallins d'un cliquetis sardonique, d'une virevolte invraisemblable ou s'accorder le temps d'un phrasé évanescent. A l'image de tout le disque, il prend le temps pour tout, même le silence, et c'est une denrée rare.

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