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Philippe Cassard nous révèle son ami Schubert

A ceux qui ne voient en Schubert qu'un compositeur d'Impromptus pour jeunes filles ou qui pensent que ses Sonates sont des laboratoires à se triturer les méninges, passez votre chemin !

a tenu en haleine un Théâtre des Champs-Élysées plein à craquer lors d'un inoubliable récital. Dès les premières octaves tendues et timbrées à souhait suivies par cette phrase mémorable, unique motif mélodique de l'Impromptu n°1 D. 899, murmurée dans un pianissimo inouï, on savait que l'on ne sortirait pas intact du récital. C'est peu dire que de parler des affinités de avec ce compositeur. Le pianiste ne joue pas Schubert, il nous le restitue. De la sombre errance de l'Impromptu op. 142 n°1 à la frénésie rythmique du quatrième, de l'hystérie caractérisée du passage central du deuxième mouvement de la Sonate D. 959 à la tendresse immatérielle du l'op. 142 n°3, nous livre un Schubert de chair et de sang, d'amour et de tristesse, de passion et de désespoir glacé. Avec la complicité de Liszt, Cassard n'oublie pas que toute mélodie schubertienne est d'abord un lied et rend hommage à cette forme par un hallucinant Erlkönig. Mais la virtuosité lisztienne appliquée à Schubert n'est en fait pas grand-chose face à celle que l'on doit déployer pour transcender ces œuvres. Philippe Cassard virtuose, certes, car Schubert l'impose jusqu'à la déflagration, mais surtout Philippe Cassard musicien, musicien engagé. Dans la salle, des artistes professionnels extasiés et la présence du grand pianiste Dominique Merlet, maître de Philippe Cassard, enthousiasmé. Est-il plus bel hommage ?

Crédit photographique : (c) DR

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