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Hugo Reyne, concertos pour flûte lumineuse et nostalgique

Tout ne pourra que vous séduire dans ce disque. Né du plaisir d'Hugo Reyne et de ses amis, les musiciens de de jouer ensemble et d'interpréter une musique faite pour les amis, cet enregistrement est également le fruit du plaisir d' de retrouver l'instrument qui est le sien : la flûte à bec.

Il en profite d'ailleurs pour nous faire entendre, dans le concerto en fa majeur, une flûte acquise comme une gourmandise, dont la musique renait à chaque fois depuis les années 1720. Et ne se (ne nous) privant d'aucun délice, nous dépeint grâce à ces concertos des « paysages aimés » dans lesquels vous vous abimerez avec bonheur.

Préférant attirer notre attention sur des musiques concertantes de Haendel, œuvres rarement ou jamais enregistrées, plutôt que la facilité et le succès garantis d'un enregistrement d'œuvres pour flûte de Vivaldi ou Telemann, nous invite à le suivre dans une réflexion personnelle nous permettant de mieux participer à cet échange entre le maître et son interprète. Car pour construire ce corpus des Six Concertos pour flûte à bec, Hugo Reyne s'est livré à une adaptation d'un certain nombre d'œuvres d'Haendel. Des six concertos, 4 sont originellement conçus pour la flûte, mais pas forcément soliste, et deux des adaptations de concertos pour orgue (Opus IV n° 3 et 6), mais comme il le dit dans le livret dont il a rédigé le commentaire « Après tout, la flûte peut se concevoir comme un tuyau d'orgue isolé et expressif ».

La curiosité de l'interprète et sa virtuosité généreuse et délicate associée à une rigueur de musicologue amoureux de ce répertoire, nous permet de percevoir la subtilité et la sensibilité d'une musique que l'on découvre « en train de se faire » comme l'écrit Philippe Beaussant, une musique née non pas il y a près de 300 ans, mais une musique dont la fraîcheur et la modernité emporte tout sur son passage. La recherche sur la précision dans les enchaînements comme dans le concerto en sol majeur, offre dès le début du Cd, une fluidité au courant musical. Loin de la basse continue du siècle précédent, chaque instrumentiste apporte sa virtuosité et ses couleurs, que le son aérien, doux et suave de la flûte vient souligner de touches à la subtilité tout impressionniste. Le ton de la pastorale du Concerto en Si bémol majeur est une invitation hédoniste à la contemplation des paysages baignant de lumière ou de la jouissance d'instants précieux aussi bref et ensorcelant que le son de la flûte. De l'infinie nostalgie de son larghetto à la sombre mélancolie du Grave du Concerto en Fa majeur, tout semble ici voler l'instant pour mieux nous inviter à en vivre.

Dernier cadeau de ce disque mais non des moindres trois bis dont le Menuetto de la Water Music « à la fois entraînant et nostalgique, un peu comme une belle fête à la fin de laquelle, malheureusement, les amis s'en vont un à un… », mais nous reviendrons souvent cher Hugo, nous reviendrons…ne peut-on pas toujours compter sur ses ami(e)s ?

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