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Nicholas Kraemer et l’orchestre en herbe

London Schools Symphony Orchestra

Le Center for Young Musicians est une des nombreuses écoles de musique de Londres. Celle-ci est formée d'un centre principal, le Morley College, sorte d'école à horaires aménagés, et d'une douzaine de centres ouverts à une pratique moins intensive, comparables à nos écoles municipales de musique. Le London Schools Symphony Orchestra est l'équivalent de l'orchestre des cycles III d'un grand conservatoire de région. A la différence près que la pratique d'ensemble en orchestre se fait de l'autre coté de la Manche dès le plus jeune age, et que le jeu d'ensemble est toujours prioritaire sur la pratique soliste. Il en résulte un orchestre de jeunes de 14-18 ans avec ses défauts (justesse parfois approximative, légers décalages) et des qualités de puissance sonore et d'homogénéité rarement rencontrées dans notre contrée.

Pour son deuxième concert (sur trois) de l'année, le LSSO, dirigé chaque session par un grand chef d'orchestre, s'est attaché à un programme très britannique avec trois grands classiques. La Sinfonia da Requiem, œuvre de jeunesse de Britten, curieux manifeste pacifiste dont le titre (et les titres des mouvements) fait écho à la liturgie catholique, a été écrite pour les festivités du 2600eme anniversaire de l'Empire du Japon, qui a rejeté cette symphonie dont le propos était reçu comme une insulte. La puissance donnée par l'orchestre dès les premières mesures surprend : ces jeunes gens n'hésitent pas à jouer, et qu'importe si les traits ne sont pas parfaits. Cette œuvre est tout de même complexe et prouve les limites de ces jeunes musiciens.

Avec la Fantasia on a theme by de nous retrouvons une œuvre au discours plus calme et dans l'ensemble plus propice à un travail éducatif de mise en place et de recherche de sonorités. Prévue pour trois groupes de cordes, le Dante Quartet prend la place des chefs de pupitres, pendant que ces derniers vont former le troisième groupe, excentré en fond de scène, favorisant ainsi l'écriture en forme de concerto grosso. C'est de loin la pièce la mieux réussie de ce concert, dont le propos et le langage nettement plus simples « parlent » plus facilement à un public d'interprètes adolescents. Les Enigma-variations qui ferment ce concert synthétisent les mêmes qualités et les mêmes défauts : une justesse parfois approximative, des légers décalages, une grande homogénéité et une certaine puissance sonore. Cette réussite est largement due au chef charismatique , qui sait trouver la bonne gestique pour se faire clairement comprendre de ses jeunes troupes.

Crédit photographique : © Robert Carpenter Turner

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