- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Du Pays du Soleil Levant un éblouissement …

Olrap

L'affiche nous avait tous trompés : nous imaginions des accords orientaux, un exotisme peut-être anecdotique, puisqu'on nous annonçait un chef, un soliste et un compositeur tous trois japonais. Nous faisions fausse route : nous avons vécu une communion musicale dans une prodigieuse universalité.

Kiyotaka Teraoka, jeune chef au parcours déjà prestigieux couronné par des prix internationaux et des critiques très élogieuses, a dirigé avec force et délicatesse, sachant ménager aussi bien les nuances du soliste que les effets d'ensemble de l'orchestre. Au violon , invité des plus grandes salles – américaines, asiatiques et européennes -, et lauréat notamment du concours Menuhin et du Prix Brahms en Allemagne, a fait aussi très grande impression.

Passons vite sur la Symphonique n°3 en fa majeur, opus 90, de Brahms, bien interprétée mais sans grande surprise. Il faut dire que la première partie avait été proprement éblouissante. d'abord fut une révélation. Fils du grand écrivain japonais Ryunosuke Akutagawa, et fortement influencé par la musique de Chostakovitch et Prokofiev, , tout en ayant composé des opéras (Orphée d'Hiroshima et Ellora Symphonique) et un concerto pour violoncelle, est surtout réputé pour ses compositions pour le cinéma ou la télévision. Son Triptyque pour cordes, de 1953, est un pur bijou, servi avec élégance et précision par un Olrap très en forme, et des solistes dont l'excellence a été unanimement saluée (Cordelia Palm violon super solo, Fabrice Durand alto solo). Toutes les ressources des cordes – frottées, pincées, frappées… – sont brillamment exploitées dans le morceau, et de cette mise en bouche la déception (bien trop court !) se mêle à l'admiration.

Puis ce fut le redoutable Concerto pour violon et orchestre, en ré majeur, opus 77, de Brahms, avec un violon solo en tout point excellent. Non pas de cette perfection technique qui fait fi de toute sensibilité, mais d'une excellence qui ne se satisfait jamais d'elle-même, d'une virtuosité qui se remet sans cesse en question en affrontant le plus difficile, et qui exprime par là-même une intense émotion. On ne peut assez saluer le dialogue subtil de avec le premier violon solo de l'orchestre (1er mouvement, Allegro non troppo), le tutti du 3e mouvement, et surtout la lumière éblouissante, si fragile, du 2e mouvement, où le public retenait son souffle, attaché aux mouvements de l'archet…

Crédit photographique : © DR

(Visited 62 times, 1 visits today)