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Suprême de crème à la Elgar

Les deux concertos proposés renferment une même caractéristique : ils constituent l'unique page orchestrale de chacun des deux compositeurs pour cet instrument. Au-delà de cette simple analogie, ils sont de contenus musicaux extrêmement riches.

a un point commun avec Jacqueline Dupré : ils ont eu le même professeur de violoncelle : William Pleeth. Elle, à la Guildhall School of Music and Drama à Londres, lui, prenant simplement des leçons particulières avec le maître. Mais attention, leurs interprétations n'ont vraiment rien à voir !

L'on attend toujours avec impatience les toutes premières notes du concerto pour violoncelle d'Elgar, connues pour être un sommet du post-romantisme dramatique. ne fait pas dans la demi-mesure : on a droit à un jeu très incisif, magnifique, inscrivant toute l'émotion dans une sphère tragique qui s'écoule sur le reste du mouvement. La suite est également grandiose. Les pizz du début du lento sont poignants, précis, et emplis de souffrance. Les attaques du violoncelliste sont réussies, son jeu propre et techniquement irréprochable. privilégie la lenteur dans les passages saisissants, jouant le reste avec une certaine rapidité, ce qui donne finalement des mouvements courts contenant pourtant les passages dramatiques parmi les plus longs que propose la discographie. Le est absolument superbe (notamment les cordes dans l'allegro) et déploie une puissance digne des plus grands orchestres, sans pour autant empiéter sur le jeu du soliste.

L'équilibre est également très bien maîtrisé dans le concerto en deux mouvements de Miaskovski, souvent associé à la symphonie n°6 de Tchaïkovski. Ce concerto, très peu enregistré, est très bien interprété par Jamie Walton, qui colle parfaitement à la partition et trouve les nuances qui marquent l'oreille (notamment lors du final), accompagné d'un orchestre vraiment très beau. Seule la gravure de Rostropovitch (EMI, 1957,  !) semble pouvoir faire concurrence à celle-ci. Non pas qu'elle lui soit supérieure, mais sans doute plus osée, plus personnelle et plus spontanée.

Certains trouveront peut-être le concerto de Miaskovski un peu trop décortiqué, trop réfléchi, manquant un peu de punch par endroits et trop investi à d'autres ; pourtant, il s'agit là d'une des plus belles versions que la discographie propose. Quant au concerto d'Elgar, c'est tout bonnement un chef-d'œuvre d'interprétation.

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