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Instrument d’époque … aïe !

Les interprétations sur instruments d'époque sont maintenant monnaie courantes et sont admises pour tous. Même ceux qui préfèrent la sonorité des instruments modernes s'accordent – dans l'ensemble – à conférer une vraie valeur artistique aux interprétations historiques. Voici un CD qui s'inscrit dans cette démarche, la poussant bien plus loin que ce à quoi on est habitué … c'est-à-dire à ses limites, voire au-delà.

choisit d'interpréter des œuvres de sur un piano Pleyel de 1846. Il explique ce choix dans la notice : « La « sonorité argentine » du Pleyel, comme le disait Liszt, restitue avec clarté les intentions du compositeur. ». Soit. Mais l'audace ne réside pas tant dans la marque du piano que dans son âge. Evidemment, 1846, cela signifie que nous avons l'honneur d'entendre les œuvres du compositeur sur un piano qu'il aurait pu utiliser. Et donc de goûter réellement la profondeur des graves, le son cristallin des aigus, la résonance des sons qui ne s'étouffent que lentement … de découvrir les œuvres de Liszt telles qu'il les a pensées et telles qu'elles ont été perçues à l'époque.

Tout cela est fort louable et intéressant, seulement voilà : un piano de 1846, c'est un très vieux piano. Pour dire les choses plus clairement, c'est un piano qui a beaucoup vieilli. Et donc souffert. Et, quelques soient les efforts de restaurations qui ont été faits, un piano qui fait souffrir l'auditeur. Si les premières notes interpellent, intéressent, mettent en valeur l'aspect historique de la démarche, l'écoute devient vite insupportable. Il n'est visiblement pas possible de parfaitement harmoniser et équilibrer un si vieil instrument, et le son vient vite à bout des meilleures volontés. Peut-être est-ce très bien interprété … à vrai dire, on n'en sait rien, on ne retient qu'un son de, osons le mot au risque d'être irrespectueux envers un si vénérable instrument, casserole.

Si la démarche de départ était musicalement intéressante, elle aura finalement surtout le mérite de prouver que même les entreprises historiques ont leurs limites : celles de la mécanique des instruments vieillissant et des oreilles des auditeurs.

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