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Dvoràk par Jakub Hrůša, le sens de la respiration !

Le jeune chef nous avait fait très forte impression lors d'un concert avec l'orchestre de La Monnaie (2006) dans un programme bigarré : Schœnberg, Dallapiccola, Stravinski et Dvořák, assez sidérant de maîtrise. On le retrouve donc avec grand intérêt dans des pages tchèques dont les deux magnifiques sérénades de Dvořák.

D'apparence simple, ces deux pièces sont pourtant assez redoutables à interpréter car il faut garder un sens de la fraîcheur et une sorte de « naïveté pastorale » afin de faire respirer avec naturel et allant cette musique. Le musicien parvient, à merveille, à laisser s'écouler la musique avec tact et sans précipitation. Sa direction, très limpide, s'appuie sur un orchestre très léger avec des teintes fruitées idéales. Ce qui nous séduit surtout dans la sérénade pour vents portée par de merveilleuses couleurs printanières. Certes, on pourrait imaginer des interprétations plus engagées et piquantes, mais devant cette absence de faute de goût, on ne peut que s'incliner.

En complément de ce disque, l'artiste propose la très rare méditation sur un vieil hymne tchèque de Josef Suk. Cet hymne à la patrie tchèque composée en réaction à l'hymne autrichien qui débutait alors les concerts du quatuor bohémien où Suk était deuxième violon, propose de superbes couleurs et une grande profondeur de l'inspiration.

Ce beau disque impose, dans un programme exigeant pour les interprètes, une baguette d'avenir que l'on espère retrouver rapidement au pupitre des orchestres de nos régions francophones. Dans l'absolu, cet album s'affirme naturellement comme la référence moderne pour les deux sérénades.

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