- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Prokofiev de marbre par Paavo Järvi !

Poursuite de l'exploration du répertoire russe par et ses forces étasuniennes car ce disque arrive peu de temps après un album Tchaïkovski. Comme toujours avec ce chef, le texte est travaillé en profondeur. Dans la symphonie n°5, Järvi refuse toute grandiloquence et tout spectaculaire pour imposer une interprétation assez granitique, sombre, massive et plutôt retenue dans ses choix de tempi, le tout en gardant un contrôle absolu des moindres détails de l'orchestration. Le chef, aidé par un orchestre superlatif, fait ressortir au fil de la progression, certains traits de l'orchestration, à l'image d'un final véritablement passé au scanner avec des lignes de cuivres particulièrement ciselées. Le grand talent du musicien réside dans sa capacité à ne jamais sacrifier l'élan dramatique au profit de ce questionnement de l'instrumentation, même si on aimerait qu'il lâche parfois la bride comme dans un mouvement introductif où l'orchestre semble piaffer pour aller de l'avant. Certes, ce Prokofiev n'est pas à mettre entre toutes les mains et les amateurs d'interprétations sanguines devront passer leur chemin, mais pour l'intelligence du propos, cette version mérite une place dans les discothèques.

Pour la suite de Lieutenant Kijé, les données sont bien plus simples car il suffit de raconter une histoire tout en s'appuyant sur des pupitres inspirés. Question technique instrumentale, l'orchestre de Cincinnati peut faire valoir des cuivres et des vents dignes des meilleurs orchestres et leur directeur musical s'amuse à imbriquer, les unes dans les autres, les différents épisodes de cette partition de démonstration.

Telarc s'est fait connaître comme un label hifiste, curieusement, la prise de son est un peu trop mate et manque de rondeur. Sur le fond, ce disque est encore une étape majeure dans la construction d'un des édifices discographiques les plus intéressants du moment !

(Visited 110 times, 1 visits today)