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Xenakis, la face intégrale de jeunesse

Avec une belle célérité, Timpani et l' poursuivent une intégrale de l'œuvre symphonique de . Entreprise salvatrice qui consacre un créateur hors normes et indispensable à l'évolution de la musique au XXe siècle.

Le présent volume est consacré à des œuvres composées entre 1954 et 1964 et, à ce titre, fondatrice de l'esthétique du compositeur et de la modernité post-1945. Et l'on commence fort avec Metastaseis, l'opus 1 du créateur, partition créée, avec un scandale retentissant, au festival de Donaueschingen 1955 par le grand Hans Rosbaud et son orchestre de la Radio de Baden-Baden. Fruit de deux ans de labeur Pithoprakta (1955-1956) propose un instrumentarium assez original : quarante-six cordes, deux trombones et un percussionniste tout en proposant quelques passages fruits de calculs impressionnants qui deviendront une marque de fabrique du compositeur. Le résultat s'avère des plus imposants débouchant sur une musique terriblement âpre et violente. Les probabilités sont au centre de Achorripsis (jets de son), courte pièce de sept minutes pour vingt-et-un musiciens alors que des graphiques servirent d'inspiration pour l'écriture de Syrmos pour dix-huit cordes sans alto. ST/48 est un approfondissement des possibilités désormais offertes par les ordinateurs comme moyen d'assistance aux compositeurs. Dans ce cas présent, c'est l'illustre 7090 d'IBM qui permit au créateur de venir à bout de formules mathématiques des plus complexes. Changement radical de sujet en guise de conclusion avec Hiketides, musique de scène composée pour les Suppliantes d'Eschyle. Plus modale et donc plus « accessible » que les partitions « mathématiques », Hiketides semble être une variation sur un mode archaïque et rocailleux.

La performance technique de l'orchestre luxembourgeois est imposante car maîtriser de tels monuments de l'histoire de la musique nécessite un solide bagage instrumental. Mais la déception vient plutôt de la baguette d'. Rompu à la musique contemporaine, ce musicien possède le bras pour donner forme à des fleuves de complexité, mais il manque de pugnacité et de grandeur mythique. Tout compte fait et en dépit de conditions techniques bien inférieures, on chérira l'emportement quasi-mystique des pionniers qui avaient conscience de graver un pan de l'histoire : Maurice Le Roux et le vénérable orchestre de l'ORTF (disque Chant du Monde) ou Hans Rosbaud et sa phalange radiophonique (Col Legno) dans Metastaseis et Pithoprakta. Pour le reste, la concurrence se réduisant au néant sidéral, on n'aura pas d'autres choix que de revenir à cette somme faillible mais pour longtemps unique !

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