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Johanna Luz, une découverte toulousaine

Festival Éclats de Voix

Depuis trois ans, le festival gersois Éclats de Voix aime à lancer ses premières notes dans la capitale régionale, où l'art vocal est plus qu'une tradition, une raison de vivre. En 2006, il accueillait les Swingle Singers à la Halle aux grains, l'an dernier c'étaient The London Quartet, pour la première fois dans la Ville Rose… et cette année, son président Patrick de Chirée a succombé à un coup de cœur régional, mais comme toujours ici, largement ouvert sur le monde. La magnifique salle Claude Nougaro, qui appartient au comité d'entreprise d'Airbus France, excentrée dans le quartier des Sept Deniers, était le théâtre d'une rencontre musicale insolite, explosive et naturellement solaire.

Accompagnée de son quartet formé de pointures du jazz toulousain (Daniel Bernot à la guitare, Philippe Brossin au piano, Jean-Pierre Dauger à la contrebasse, Dario Luciani à la batterie et percussions), la jeune chanteuse franco-argentino-brésilienne Johanna Luz a donné un récital magique, qui a séduit un public éclectique d'environ 500 personnes. C'est que les musiciens toulousains avaient bien fait les choses, augmentant le quartet d'une superbe section de cuivres (trompette, trombone, saxo ténor, alto et baryton) doublant les guitares et triplant les percussions ; et surtout, ils avaient invité les onze cordes de l', nouvelle manière, emmenées par Pierre Bleuze.

C'était une rencontre musicale profondément cosmopolite, naturellement ouverte vers le Sud, comme le vent qui balaye les bords de Garonne. Le rythme vigoureux d'un swing, flirtant parfois avec le rock, laissait aussi la place à de prenantes ballades sentimentales, avant de se réchauffer sur des mambos brésiliens, puis de se lâcher sur des rifs afro-brésiliens. Dans une joyeuse promenade à travers tous les univers du jazz, les cordes de l'Orchestre de Chambre se régalaient sur des standards de Gershwin comme sur les compositions de Dario Luciani, Jobin ou Fit Paez, avec une forte réminiscence des tangos d'Astor Piazzola.

Agée de 22 ans, tout juste, Johanna Luz est déjà un phénomène de scène, dotée d'une voix chaude, un peu grave et fortement expressive, d'un sens du rythme remarquable, parfaitement à l'aise dans l'univers du chant jazzistique, qu'elle ne peut s'empêcher d'accompagner de pas de danse. Toulousaine, née d'un père argentin et d'une mère brésilienne, avec un grand-père ténor argentin de renom international, la jeune chanteuse bénéficie de l'expérience et écoute les conseils de ses musiciens, qui lui déroulent un somptueux tapis sonore. Parmi eux, son père batteur bien connu sur ces rivages, est à la fois son mentor, son manager et aussi l'un de ses compositeurs. Avec une voix, qui évoque le timbre d'Helen Meryll, Johanna Luz surfe avec bonheur sur un répertoire qui puise aux sources africaines du jazz, salue les années 40, mais s'inspire de la soul music et de la pop, qu'elle interprète selon une énergie incroyable. Elle compose ses textes et chante sans encombre en anglais, espagnol, portugais et français.

Les regards échangés entre les musiciens en disaient long sur leur bonheur de jouer ensemble et la longue ovation finale du public vaut tous les commentaires. Loin d'être insolite dans cet univers, l'Orchestre de chambre toulousain ajoutait de la profondeur acoustique au son. L'aventure n'est pas finie, puisqu'un CD « Now or silence », doit paraître très prochainement avec leur contribution.

Crédit photographique : Johanna Luz © Alain Huc de Vaubert

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