- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Quel Titan !… Un chef ruisselant… de bonheur !

Olrap

Le sachant en visite privée dans la région, , chef de l'Olrap, avait invité M. Stapleton, ambassadeur des Etats-Unis en France, à assister à la soirée de clôture de l'année symphonique dans la cité des papes. L'invité fut discret. Du moins a-t-il assisté à une soirée éblouissante, avec deux pièces de Verdi et une Symphonie n°1 de Mahler qui a constitué un sans-faute absolu.

Deux cents artistes sur scène ! Pas moins de deux chorales et deux orchestres ! Le chef , malicieux, nous avait avertis : « Ce sera l'é-vé-ne-ment musical d'Avignon… C'est grâce à Mahler que je suis devenu musicien professionnel ; je l'ai découvert au lycée, et j'ai trouvé en lui quelque chose de plus profond que chez tous les autres compositeurs ; c'est à ce moment-là que j'ai su qu'il fallait que je suive ce chemin… J'ai déjà dirigé cette magnifique symphonie deux fois aux Etats-Unis, mais « il fallait » que je le fasse ici ! ». Quant à l'association Verdi-Mahler – surtout en ce qui concerne le Te Deum (1895), dernière des 12 œuvres de musique sacrée de Verdi -, elle correspond tout à fait à la philosophie du jeune chef : associer dans une même soirée des morceaux très connus et des œuvres plus rares, à faire découvrir au public. Ainsi, en mars, la soirée Ives-Beethoven avait remporté un vif succès, et le nombre des abonnés a d'ailleurs augmenté de près de 40% en une année !

La symphonie Titan, composée dans les années 1880, et remaniée pendant une vingtaine d'années, est un hommage au roman inachevé du bavarois Jean-Paul Richter, publié presque un siècle plus tôt. Elle comporte nombre de difficultés, qui ne sont pas seulement techniques : « C'est une œuvre, nous dit le chef, qui demande de la virtuosité pour tous les pupitres, qui impose des extrêmes dans les dynamiques et dans la couleur des instruments solo, et qui est d'une grande diversité. La fin surtout est grande, très grande, trop grande : personne ne peut résister ! »

Nous le confirmons, personne n'a résisté ! La première partie du concert – Verdi – fut convenable, sans plus ; nous avons même entendu certains abonnés se plaindre de la « mollesse » des chœurs dans le Te Deum. Il est vrai que la pression était très forte pour ces deux formations d'amateurs, avec une émotion palpable chez la soliste, et la lourdeur de l'effectif n'a pas contribué à donner des ailes à l'ensemble… Mais broutilles !

Mahler en revanche fut… titanesque, évidemment, dans le final. Mais pas seulement. Tout au long des trois mouvements, l'interprétation en fut délicate, mesurée, toute en souplesse et en élégance, en force et en rythme aussi, au long des 3 mouvements. Chaque timbre a été exploité, chaque musicien sollicité, chaque nuance valorisée. Des « bruits de nature » en ré majeur du premier mouvement, en passant par la multiplicité des mélodies et des tempi du troisième, jouant entre sol majeur et mi bémol mineur, on parvient en final au déchaînement de la lumière retrouvée, aux grandioses fanfares en ré majeur, et à une conclusion triomphale – qui déchaîne une tempête d'applaudissements.

La cohésion des deux orchestres Avignon-Toulon a été parfaite, et leur complicité musicale, visible à l'intérieur de chaque pupitre, ne pouvait qu'assurer la parfaite réussite de la soirée. Un sans faute absolu. Offrez-nous toujours des soirées d'une telle classe !

Crédit photographique : © Guy Vivien

(Visited 406 times, 1 visits today)