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Mahler correct et recommandable par David Zinman

Depuis bien des années (1868 précisément) l'Orchestre de la Tonnhalle de Zurich officie avec talent et régularité mais sans accaparer intensément l'attention des médias internationaux. D'excellents chefs d'orchestre (Hans Rosbaud, Rudolf Kempe, Christoph Eschenbach…) ont assuré sa direction et affiné son style.

Des commandes proposées à Baird, Bério, Hallfter, Henze, Honegger… ont façonné et diversifié ses approches esthétiques. Sans compter un nombre conséquent de créations dont la Symphonie n° 3 « liturgique » d'Arthur Honegger ou le Concerto pour hautbois de Richard Strauss, les deux de 1946, preuves d'une forte vitalité qui méritait d'être soulignée. Depuis 1995, l'orchestre suit son chef , né à New York en 1936 et qui fut l'élève puis l'assistant de l'inoubliable Pierre Monteux entre 1958 et 1962. L'orchestre suisse sous la direction de Zinman a enregistré une intégrale de l'œuvre orchestrale de Richard Strauss (en 7 CD) en 2000-2003 qui mérite mieux que la reconnaissance accordée par une certaine critique passablement timorée et circonspecte. Depuis quelques temps, la même équipe se lance à l'assaut des symphonies de Mahler.

Ce présent disque offre leur vision de la Symphonie n° 4 que composa dans les années 1899-1901 et dirigea en création à Munich en novembre 1901. Pour le finale-lied qui réutilise une œuvre composée quelques années plus tôt, Das himmlische Leben (La voûte céleste), extraite du Cor merveilleux de l'enfant, la soprano Luba Orgonášová (originaire de Bratislava et très demandée par diverses maisons d'opéra) couronne toute l'œuvre. La Quatrième Symphonie constitue bien un tournant esthétique après les trois premières, monumentales et écrasantes. Mahler choisit un orchestre moins fourni, une durée allégée, une densité aérée sans pour autant suggérer véritablement l'insouciance ni la gaieté, même si par définition et choix, plus proche du développement symphonique traditionnel. Les trois premiers mouvements, purement instrumentaux, excellent par leur étalement de couleurs singulières, leurs thèmes précisément dessinés, leurs variations exaltantes. Le Ruhevoll (Tranquille) mérite ici attention et réécoute par son mixte unique (et si typique du compositeur autrichien) de parodies et d'angoisse. Une très belle version, parmi tant d'autres certes, inspirée par cette « idyllique Quatrième », pour reprendre les termes de Bruno Walter qui la voyait encore comme un « conte de fées » et « un joyeux rêve des félicités de la vie éternelle ».

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