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Deux voix représentatives d’un XIXe siècle protéiforme

La confrontation de deux artistes exacts contemporains induit parfois l'étonnement en soulignant de profondes différences esthétiques. Le présent enregistrement, bien venu et fort convenable, nous en apporte la démonstration éclatante. D'un côté, Joseph Joachim, violoniste virtuose célèbre dans l'Europe entière, grand pédagogue, représenté par son Concerto pour violon n° 2 en ré mineur sous-titré « à la manière hongroise » écrit en 1857. De l'autre, , pianiste et compositeur à la tête d'un impressionnant corpus abordant presque tous les genres. Son Concerto pour violon en ré majeur date de l'année 1878.

Le Hongrois et l'Allemand se connaissent, se fréquentent mais élaborent et défendent des esthétiques fort différentes que n'expliquent pas seulement les trois décennies qui les séparent. Joachim confère à sa musique une harmonie générale débarrassée de heurts majeurs, de conflits titanesques. Son soliste cherche à défendre le beau, l'euphonie et chemine de concert avec un orchestre totalement dédié à son service. Ce concerto romantique, virtuose, appartient à un monde sans trouble et souhaité immuable. Brahms établit des rapports différents, obligeant le violon à lutter, à s'imposer vis-à-vis de lui-même mais aussi de l'orchestre, authentique individualité non destiné à lui faciliter l'expression. Tout l'intérêt de ce programme se trouve campé à présent et reste donc à tenter la comparaison par l'écoute.

Un même soliste, , hambourgeois ayant tout juste dépassé la quarantaine et par ailleurs apprécié pour ses interprétations de Bach, Mozart, Schœnberg… nous permet de palper les différences annoncées entre les deux concertos, lesquels trouvent d'exceptionnels serviteurs avec l'Orchestre symphonique national danois et le chef, danois également, , tous deux parfaitement en phase avec les exigences propres aux opus 11 et 77 si typiques de la diversité d'un monde disparu.

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