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Un Schubert à la russe

Voici une musique qu'on se plaît non seulement à écouter, mais à réécouter, en y découvrant à chaque essai d'autres sensations, d'autres sentiments, d'autres constructions mentales. Impossible de chiffrer le nombre de pianistes embarqués dans l'univers schubertien depuis que le compositeur faisait découvrir sa musique pour piano à ses amis et relations. Que ce soit à domicile, à la salle de concert, à la radio ou à l'enregistrement des myriades d'interprètes ont été happés par cette musique fascinante, parfois lente, souvent répétitive puis ailleurs plus agitée et inquiète. C'est dire si toute la panoplie des sensibilités a enrichi et continue d'enrichir le monde intime et si singulier de . possède de nombreux atouts pour laisser à son tour sa marque aux contributions antérieures. Né à Moscou il y a trente ans, il suit une formation de pointe à l'Ecole de musique Gnessin, puis entre au Conservatoire Tchaïkovski en 1995, reçoit de nombreux prix et multiplie les expériences musicales comme récitaliste, chambriste et soliste avec orchestre.

Koudriakov enseigne à son tour. Son interprétation de la Sonate en ré majeur datée de 1825 correspond à la rigueur de la construction (Allegro vivace initial), un rien rugueuse, où les pages empreintes de fantaisie manquent parfois de légèreté et de spontanéité comme dans le Rondo final par exemple. Le second mouvement, lent, désigné Con moto, en la majeur, reçoit une lecture inspirée accentuant le premier thème quelque peu mystérieux et contemplatif. Les ultimes Trois Pièces pour piano D 946, de mai 1828, des Impromptus en réalité (en mi bémol mineur, mi bémol majeur et ut majeur), très contrastées, plus denses et plus vastes formellement que les précédentes conviennent mieux au pianiste russe dont le rendu poétique et lyrique le classe parmi les élus de l'interprétation schubertienne. Des musiques dont on comprend le large écho qu'elles ont suscité depuis leur création.

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