« Haendelienne » reconnue et recherchée, la grande Vesselina Kasarova se devait d'explorer les airs du compositeur pour combler une curieuse lacune dans sa discographie qui penche quasiment vers le bel-canto.
Considéré comme le meilleur chanteur de son temps et soliste préféré de Haendel, Giovanni Carestini dit Cusanino (1705-1760) fut le créateur de nombre de grands rôles haendeliens : Teseo (Arianna in Creta), d'Ariodante et de Ruggiero (Alcina). Sa gloire le conduisit à travers les grandes cours d'Europe d'Allemagne à la Russie en passant par le King's Theatre de Londres pour servir Haendel qui le préférait à son autre illustre collègue Farinelli.
Ce qui séduit dans ce récital, c'est la beauté du timbre et la maîtrise des moyens qui lui permettent de masquer quelques instabilités ; l'intelligence du texte fait parler plutôt la tragédienne que la musicienne. On trouve chez d'autres chanteuses peut être plus d'énergie mais rarement un tel vécu.
Curieusement incontournable dans Haendel et presque toujours modérément inspiré, Alan Curtis accompagne la dame avec, pour une fois, un sens de la respiration et du legato qui ne fait pas ressembler la musique de Haendel à un tissus arachnéen sans saveur. Certes, sa direction est toujours droite, mais le chef Alan Curtis parvient bien à serrer le discours et le drame. Un beau récital donc…