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Un beau cadeau de noces à Glyndebourne

Alors que pendant de nombreuses années, les instances régissant les droits d'auteur pourchassaient impitoyablement les pirates du disque, voilà que, par un incompréhensible retournement, les maisons d'opéra s'autorisent à publier les enregistrements des productions qu'ils ont abritées sous leurs cintres.

Après Salzbourg et le Covent Garden, le Festival de Glyndebourne s'offre le luxe de la parution en cd d'une de ses plus prestigieuses soirées mozartiennes avec ces Noces de Figaro de 1962. Luxe est le mot qui convient parce que cet objet est d'un luxe sans précédent dans le domaine des productions de disques compact (à l'exception peut-être de la -passagère- collection d'opéras entreprise par les Editions Acte Sud). Un livret de 320 pages en quatre langues, d'intéressantes photos de la représentation scénique enserrent les trois disques compact. Un objet qui, grâce à son label «Made in China», permet au chaland de l'acquérir pour un prix raisonnable !

De plus, le contenu vaut largement l'emballage. Sous la direction d'un dont les tempos soulignent avec brio la musique de Mozart, il propose une adéquation magnifique du rythme musical avec le texte. Comme , son illustre prédécesseur sur cette même scène, sa musique sait se faire théâtrale. Les protagonistes profitent de cette aubaine pour se projeter dans la comédie avec une verve qui tire les rires et les applaudissements du public. Même si on peut reprocher à d'être parfois un Figaro un peu fruste, son assise vocale en fait un personnage néanmoins très crédible. Le Comte Almaviva de est somptueux d'autorité, de dureté, de volonté et de noblesse. Reste que l'un des plus surprenants plaisirs de cette production est d'entendre avec quel art consommé de la comédie mozartienne s'installe dans le rôle de Basilio. Il brosse son rôle d'une palette vocale si colorée qu'on ne se lasse pas de se passer et repasser son In quegli anni, in cui val poco. Diction, intelligence du texte, ironie, l'alors déjà sexagénaire ténor (qui le 26 juin dernier fêtait son 106e anniversaire !) peint son personnage comme personne jusqu'alors. Une référence, un modèle du genre. Et quel charmant Cherubino que celui d'. Parfois la voix est presque trop belle pour être celle du jeune garçon mais quelle justesse de chant. La Comtesse de la soprano turque qu'elle ne chantera que dans cette production et sa reprise de l'année suivante n'est de loin pas son meilleur rôle. Accusant quelques lourdeurs de style, elle offre néanmoins quelques très beaux pianissimis et sa complicité avec la pétillante et fraîche Suzanne de reste parmi les moments les plus charmants de cette production.

Avec un Royal Philarmonic Orchestra brillant et précis, admirablement dirigé, un son excellent pour un enregistrement live, une brochette de chanteurs visiblement heureux et investis, ces Noces de Figaro sont un cadeau à ne pas manquer de s'offrir.

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