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Magna Vanitas Vanitatum

IXe rencontres musicales de Saint-Guilhem-le-Désert

Ce concert placé sous le signe de l'intime a été particulièrement émouvant. et , dont la complicité est parfaite, ne donnent hélas que très rarement de tels concerts. Leurs qualités artistiques et humaines se conjuguent admirablement à la beauté de leurs personnes. Leur modestie a été un atout supplémentaire. Ces artistes rares ont accepté de se produire en ce lieu magique mais de taille modeste en souhaitant inverser la disposition habituelle. Ce ne sont pas les artistes qui étaient surélevés mais une partie de public. L'éclairage à la bougie donnait un charme tout particulier à la voûte sous laquelle ils offraient leur concert. L'acoustique a été parfaite et la délicatesse des nuances proches de l'infime ont prouvé leur parfaite maîtrise de l'espace acoustique.

Que dire d'un programme si admirablement pensé et s'écoulant calmement comme l'Hérault tout proche aux pieds de St-Guilhem-le-Désert ? Ce voyage à travers les humeurs mélancoliques des âmes poétiques d'Italie, d'Espagne et de, France a été une splendeur de délicatesse. La mort, centrale dans les propos, en devient une douce amie qui n'a plus rien d'inquiétant, bien au contraire elle paraît presque séduisante. La technique vocale de lui permet de passer de la voix parlée à la déclamation la plus extravertie sans jamais forcer sa voix. Son port est particulièrement élégant et son sourire charmant. Par rapport aux enregistrements avec le Poème Harmonique la voix a gagné en profondeur sans rien perdre de sa belle lumière. La diction travaillée avec Benjamin Lazar entendu la veille donne une force extraordinaire à la superbe scène du Cid mis en musique par Charpentier. Avec une telle diction et une telle projection, aucune version connue à ce jour de cette pièce, même chantée par des hommes, n'a eu cette mâle élégance racée si proche du personnage inoubliable de Corneille.

Mais les autres airs dans un italien, un latin et un espagnol délicieux n'ont pas démérité à côté de cette splendeur finale. L'apothéose de ce Cid de Corneille et Charpentier a été précédée par d'autres merveilles, desquelles se détache Pianto de la Madonna du grand Monteverdi.

Entre chaque pièce chantée, , particulièrement concentré et inspiré a démontré la virtuosité assez unique qu'il déploie tant au théorbe qu'à la guitare baroque. Dommage quel le programme n'ai donné que le nom des compositeurs sans le détail des œuvres interprétées par cet instrumentiste d'une rare élégance, car il est rare d'entendre une telle virtuosité. Que de modestie pour évoquer les vanités de ce monde ! Le public a été enchanté par la délicatesse et la poésie pleine de grâce de ce programme et a obtenu par son enthousiasme deux bis offert par des musiciens enfin souriants après un voyage musical si émouvant.

Crédit photographique : photo © DR

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