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Un Messiaen authentique et émouvant

Nous sommes encore dans l'année , il faut en profiter, aussi certains éditeurs proposent encore des enregistrements dits historiques. Nous connaissons bien la collection des disques André Charlin, ce génial technicien du son et musicien, inventeur de la stéréophonie : rien que çà ! Depuis l'époque dorée du microsillon, il nous avait habitué à des prises de son exceptionnelles, en particulier en matière d'orgue, instrument généralement difficile à bien capter. Peu à peu la collection est proposée en support CD, comme par exemple ce Messiaen un peu oublié, et pourtant très réussi. Encore un mot sur ces transferts : le son de départ est parfait, mais pourquoi ne pas plutôt repartir des bandes mère, et non comme ici des microsillons, dont on entend encore un peu le bruit de surface, malgré le filtrage. De plus il y a un déséquilibre léger sur la voie de gauche. Dommage pour celui qui fût l'inventeur s'un système de spatialisation du son universellement reconnu et utilisé. Ces petites considérations d'ordre technique (bien normales avec M Charlin), ne doivent pas nous éloigner de l'essentiel, la musique. Il n'est plus la peine de présenter ces grands cycles d'orgue de l'organiste de la Trinité, que le recul nous fait apprécier encore d'avantage d'années en années. Leur impact sur nous est immense, au-delà de tout commentaire. les aborde avec aisance et grand style, on le sent tellement plus à l'aise ici que dans tout le répertoire baroque français qu'il pratiqua aussi abondamment. Si on compare cette version à celle de Messiaen lui-même, réalisée un peu avant à la Trinité, le trait est plus vif, quelque part plus néo-classique, l'orgue de Saint-François l'aidant beaucoup pour cela (mixtures très présentes) : il projette avec force cette musique, dans une carrure très apollinienne. Il est sur « son » orgue, il le domine, et on sent qu'il l'aime. Enregistré en 1966, ces pages font entendre l'orgue avant sa dernière restauration, et se montre finalement en bonne forme, juste et précis. Tout à l'opposé de l'enregistrement de Messiaen où l'orgue de la trinité était hélas dans un état pitoyable de fausseté, comme quoi, même pour de la musique contemporaine, le justesse est primordiale. Les deux cycles proposés sont parmi les plus achevés, l'Ascension est irrésistible, avec ces longues phrases qui n'en finissent pas de s'élever. Cette version se situe en bonne place dans la discographie Messiaen, et rend hommage à ce grand musicien que fût , compositeur et surtout grand pédagogue qui a formé de très grands organistes d'aujourd'hui.

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