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Tout en élégance et en fluidité

Festival de musique ancienne d'Avignon

Elégance et fluidité, telle nous reste en mémoire l'image de la soirée. Et le public boude ! La petite association qui organise chaque année ce Festival de musique ancienne en ouverture de saison – 9e édition cette année – est capable de déplacer des montagnes, en l'occurrence des artistes prestigieux, qu'ils soient déjà des gloires consacrées ou encore des étoiles montantes. Et cette belle soirée d'ouverture ne mobilise que quelque deux cents mélomanes ! Le score le plus bas après celui, quasi légitime, de Marie-Christine Barrault en l'église de Ménerbes il y a deux ans… Assurément, la musique ancienne fait moins recette que le bel canto.

«Trionfi sacri», voilà pourtant un titre somptueux pour une création toute récente des solistes de l' – la grande première avait eu lieu le 26 septembre, une semaine plus tôt, précisément au Festival d'Ambronay, avant d'entamer la tournée : Paris, Toulouse, Marseille, Avignon, puis Venise.

Venise, justement !… Chaque année, au tournant du XVIIe siècle, la foule se massait dans la Basilique Saint-Marc au son des trompettes argentées annonçant l'arrivée du Doge. C'est tout justement la musique festive et grandiose de , un des plus grands organistes que la Basilique Saint-Marc ait connus – mais aussi de son oncle Andrea Gabrieli et de Monteverdi -, que les jeunes artistes ont fait résonner à l'opéra-théâtre d'Avignon, dans une formation de onze chanteurs et une trentaine d'instrumentistes.

Ce n'était pas Saint-Marc, mais qu'importe ? Si les attaques ont semblé un peu hésitantes dans les deux premiers morceaux, tout le reste du concert n'a été que talent, sérénité et qualité… Sous l'impeccable direction de l'interprétation était raffinée, élégamment mise en espace. Et si les déplacements des artistes sur scène ont d'abord étonné, ils sont très vite devenus un élément constitutif du concert. Avec des gestes silencieux, glissés, sur continuum d'orgue, de clavecin ou de harpe, les artistes se plaçaient en formation variable, entrelaçant sur scène et dans les loges une chorégraphie discrète mais savamment étudiée, tissant une harmonie toute en délicatesse et en fluidité. Les nuances d'éclairages, en finesse elles aussi, baignaient musiciens et chanteurs dans une lumière qui semblait les habiter de l'intérieur. Violes de gambe, cornets baroques, saqueboutes, théorbes et autres clavecins, contre-ténors et autres solistes, ont ainsi ouvert en beauté ce 9e Festival de musique ancienne.

On ne peut que saluer la qualité des artistes… et guetter par ailleurs les faibles lueurs d'espoir qui semblent s'ouvrir pour l'Olrap, dont quelques représentants tentaient encore une fois de sensibiliser le public à l'entrée de l'opéra-théâtre.

Crédit photographique : Académie européenne d'Ambronay © DR

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