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Christian Zacharias, au-delà du piano

A la fois pianiste et chef d'orchestre connu et reconnu, offre un magnifique programme de piano au public dijonnais de l'auditorium. Et dans une interprétation sensible et raffinée.

Le concert débute par une sonate de Haydn, compositeur que l'on retrouvera en deuxième partie également pour clore le programme. Dans les deux cas, que ce soit la Sonate en fa majeur Hob. XVI : 29 ou la Sonate en ré majeur Hob. XVI : 24, le pianiste fait montre d'une parfaite virtuosité, à la fois technique et sensible. En effet, les mouvements rapides sont légers (Moderato et Tempo di minuetto de la sonate en fa majeur ou encore l'Allegro de la sonate en ré majeur), précis, sautillants (moderato de la sonate en fa majeur), dynamique et électrique (Finale : presto de la sonate en ré majeur) Dans les mouvements lents, le musicien a pu faire ressortir toute sa sensibilité. Il est incontestable en effet que sa technique irréprochable lui permet d'être à l'aise et de rester maître de tout ce que sa pensée lui dicte. Dans ce répertoire classique, tous les ornements ressortent de manière précise, ciselés, sans lourdeur aucune. De même les notes répétées, détachées dans certains mouvements rapides. Beaucoup de délicatesse, de finesse alliées à une sensibilité communicative. Une parfaite lisibilité du texte qui se retrouve dans l'interprétation de toutes les œuvres, à commencer par Schumann, dont l'Humoresque est interprétée ici avec autant d'intelligence que de passion. Les chants, contrechants s'entremêlent tout en restant parfaitement clairs à l'auditeur. Les traits virtuoses, les accords répétés, le contrepoint, en un mot toutes les composantes du romantisme sont ici exposés avec une agilité et une simplicité déconcertantes. Et l'auditeur de se laisser porter par cette œuvre on ne peut plus hoffmannienne.

Quant à Debussy, Zacharias l'interprète également de manière magique. Pas une note à côté, comme dans les autres œuvres d'ailleurs, pas une lourdeur, pas un faux accent, mais une poésie inhérente au toucher du pianiste alliée aux harmonies modales du compositeur. Et Zacharias d'offrir pour commencer un prélude supplémentaire, le premier du Livre I : … Danseuses de Delphes. Puis il enchaîne avec les autres œuvres prévues qui laisse l'auditeur en proie au rêve et à la méditation. Et l'ostinato des Pas sur la neige de faire surgir le vers célèbre : «Ô temps ! Suspends ton vol». Et la palette sonore extrêmement large de Zacharias de subjuguer encore une fois, avec une Cathédrale engloutie planante, avec ensuite un crescendo puissant. Un Minstrels humoristique et électrique. Le tout sur un piano pas très porteur, mal harmonisé et pas très juste. Mais devant une telle leçon de musique, on oublie, on s'évade…

Un programme très généreux. Généreux également sont les bis, avec un rondo d'une Sonate en mi majeur de Scarlatti et le Rondo en la majeur de Mozart. Le public dijonnais, conquis et comblé, offre une ovation au pianiste allemand. Ovation bien méritée pour une soirée de rêve !

Crédit photographique : © Nicole Chuard / Idd

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