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Le Trille du diable à l’école de Vivaldi et ses « Bell » Saisons …

Après une très belle version des Quatre Saisons de Vivaldi par Amandine Beyer et son ensemble Gli Incogniti, offre à son tour une vision intéressante de ce «tube» maintes fois enregistré. La profondeur du son, le sens du legato et du phrasé en général, la sonorité chaleureuse dans le grave contribuent au charme de cette vision qui sonne plus romantique que baroque. Le claveciniste, John Constable, a «un jeu […] incroyablement inventif. […] Il n'a pas l'air de faire des choses insolentes et audacieuses. C'est le jeu baroque que j'aime vraiment», confie . L'orchestre, lui, aide également à la lisibilité, à la clarté du texte pour l'auditeur. L'articulation et le phrasé sont parfaitement maîtrisés. Il est cependant parfois un peu lourd, avec des basses trop appuyées. Ce qui contribue à un manque de dynamisme, à l'instar du premier mouvement Allegro du Printemps, par exemple. D'autant que, dans ce cas précis, le tempo est également un peu trop lent, comme dans le premier mouvement Allegro de l'Automne. Il n'empêche. Le violon charme, soutenu par des cordes de qualité. En revanche, lorsque le tempo est plus rapide et que les interprètes se laissent aller à leur enthousiasme, comme dans le troisième mouvement Presto de l'Eté, offre une version de référence. On aimerait vraiment que cette fougue habite tous les mouvements rapides, qui restent dans l'ensemble, il faut bien le dire, un peu trop sages. La même remarque serait également en partie valable pour les mouvements lents, dans lesquels chaque note est (trop) dosée, pesée et peut-être pas assez habitée. Exception faite sans doute de l'Adagio molto de l'Automne, plus expressif que les autres mouvements centraux. Ajoutons également une élégance, un raffinement dans l'articulation et la réalisation des phrases, avec un bon nombre de ralentis qui peuvent amener à une certaine forme de préciosité un peu trop systématique.

Pour compléter son programme, Joshua Bell offre une version intéressante et bien réalisée de la célèbre sonate dite «Trille du diable» de Tartini, le compositeur ayant tenté de réécrire une musique qu'il aurait entendue en rêve (ou cauchemar…) après avoir pactisé avec le diable. D'une difficulté redoutable, cette œuvre permet à l'interprète de faire montre de ses qualités techniques (le travail de l'archet, d'une part et les doubles cordes de la main gauche, d'autre part, nécessitent une dextérité hors pair) et expressive. En un mot : de sa virtuosité. Et là, incontestablement, comme dans les concerti de Vivaldi, Joshua Bell offre une version de qualité. La netteté de la construction des phrases, la chaleur des graves, encore une fois, la précision des attaques et bien sûr, l'impeccable réalisation des trilles tant dans les passages rapides que lents, font de cette interprétation une version tout à fait convaincante. Mais comme dans l'œuvre vivaldienne, on peut regretter l'aspect un peu trop sage et le manque de fougue d'un artiste qui dispose de moyens assez exceptionnels.

Notons une présentation soignée sous forme d'un petit coffret qui contient sur quatre petites cartes à part les poèmes relatifs aux quatre saisons ainsi qu'un bonus sur le CD visible sur l'ordinateur : l'enregistrement d'un des mouvements des Quatre Saisons ainsi qu'un extrait de Massenet d'un autre CD de Joshua Bell. De plus, la prise de son est de très bonne qualité. Un CD qui tient la route, mais qui n'arrive pas en tête des versions de référence.

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