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Sombreros de Philippe Decouflé

Pour cette nouvelle version de Sombrero, deux ans après sa création, à peine quelques reprises de rôles dans cet étonnant spectacle en noir et blanc où réinvente les ombres.

Ponctué de textes poétiques et sur une partition de piano inspirée d', le chorégraphe s'affirme une fois de plus comme un illusionniste hors pair.

Le format est modeste, le propos plutôt simple avec un retour affiché à la chorégraphie au détriment des effets spéciaux qui ont fait son succès dans les grandes fresques que furent les J.O. d'Albertville ou le Bicentenaire de la Révolution Française. Dans Sombreros, le danseur Decouflé choisit ses plus fidèles interprètes, tel (alias le Président de Groland), en leur flanquant à chacun une doublure teinte en noir. Il met en valeur une troupe surdouée et polyvalente de comédiens-danseurs et de danseurs-musiciens. Chaque séance dansée étant entrelardée d'intermèdes poétiques menés jusqu'à l'absurde par les deux comédiens campés à l'avant-scène.

Dans la première partie du spectacle, l'économie des moyens employés (une toile blanche, un projecteur tendu au bout d'une perche) explore les ombres chinoises et évoque les grandes heures du cinéma muet, de Murnau à Fritz Lang. Dans la seconde partie du spectacle, le renfort discret de l'image vidéo et d'une musique électronique modernise l'affaire sans la dénaturer. Pour que l'illusion soit parfaite, chaque séquence mêle image virtuelle et réalité avec une synchronisation époustouflante. Man Ray et les expériences lumineuses des surréalistes ne sont alors pas très loin des sources d'inspiration du chorégraphe. Formidable ballet graphique, ce nouvel opus est un enchantement. En s'effaçant cette fois derrière ses danseurs, Decouflé signe avec Sombreros un spectacle sobre et fantaisiste, aux multiples influences, qui s'apprête à partir en tournée.

Crédit photographique : © Laurent Philippe

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