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Dépaysant, mais qu’importe ?

Dépaysant, c'est le moins qu'on puisse dire, mais «Qu'importe ?», pourrait-on dire, puisque tel était justement le titre du ballet de la 2e partie.

La soirée avait drainé un public plus nombreux que les précédents spectacles : mélomanes et amateurs de danse s'étaient donné rendez-vous. Les «classiques» redoutaient Schœnberg, les autres étaient dubitatifs sur les Brandebourgeois. Tout le monde a été renvoyé dos à dos, et chacun, miracle ! y a trouvé son compte. Du grand art, dû au talent divers mais conjoint de tous les partenaires.

Sable, cendre, charbon, et blanc : le ballet d'Eric Belaud, dans La Nuit Transfigurée, porte bien la marque du chorégraphe, élégant, épuré, sobre dans son inventivité. Si certains spectateurs ont déploré contorsionnisme et machisme, nous-mêmes avons aimé sans réserve. La musique de Schœnberg offrait gravité et tension, jouée tout en retenue et délicatesse par l'Olrap sous la baguette de , et toutes les difficultés de l'œuvre s'en sont trouvées comme sublimées, vraiment «transfigurées».

La 2e partie a été plus «libre»… Beaucoup de baudruches (fauteuils en plastique transparent, ballons divers, figures d'animaux les plus variés, du cochon à la poule…. ), des costumes de bric et de broc, un ballet qui bouscule les codes, tout en épousant la rythmique des Concertos brandebourgeois. On a souri (Buster Keaton n'était pas loin), des enfants ont pouffé joyeusement, on a apprécié l'originalité du ballet, mais fallait-il pour cela choisir Bach comme prétexte ? Au point que l'interprétation orchestrale même nous a déçus, quelle qu'ait été la réussite incontestable des solistes ! On ne peut dénier à Christophe Garcia une originalité décapante, qui a séduit les musiciens eux-mêmes, mais nous n'avons pas nous-mêmes réussi à entrer dans son univers, tout en nous réjouissant que cette originalité même puisse exister.

Crédit photographique : © Opéra-Théâtre d'Avignon et des Pays de Vaucluse

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