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Thomas Quasthoff : quelle beauté, quelle intensité, quelle émotion !

Il est fort rare qu'un artiste remercie son public avant même le début du concert. Et pourtant, cela fut le cas en ce 19 novembre à la Philharmonie de Cologne. remercia les spectateurs d'être venus aussi nombreux. Car même en Allemagne, la patrie du lied, il est désormais peu fréquent « que plus de 1000 personnes se déplacent pour écouter un récital de lieder ». Quasthoff espérait donc « faire un peu de publicité pour le genre du lied ».

Et il le fit très bien ! Pour une énième fois, il démontra qu'il était LE grand maître du lied actuel, digne héritier des Fischer-Dieskau, Prey et autres Hotter. Faut-il encore relever toutes ses qualités ? La beauté du timbre, la maîtrise technique de l'instrument (malgré un aigu par moments un peu limité), la diction exemplaire et, surtout, cette palette quasiment infinie de nuances et de couleurs…

Le programme fit l'honneur à trois compositeurs : Schubert, Moussorgski et Schumann. Après un début un peu timide avec Der Sänger de Schubert, le concert atteint son premier apogée avec un « Du bist die Ruh » d'une pure poésie. Chantées dans une nouvelle traduction allemande, les Chansons et Danses de la Mort perdaient un peu de leur caractère âpre et rugueux. Néanmoins, Quasthoff offrit une interprétation intense et émouvante du cycle aux couleurs tour à tour blêmes ou effrayantes. En deuxième partie, Quasthoff chanta le fameux Liederkreis de Schumann. Du dramatisme presque lyrique de Waldgespräch aux accents jubilatoires de Frühlingsnacht en passant par le romantisme d'une Mondnacht vraiment envoûtante, Quasthoff nous gratifia d'une interprétation d'anthologie. Quelle beauté, quelle intensité, quelle émotion !

Au piano, Justus Zeyen, s'avéra un partenaire idéal. Techniquement sans faille et d'une grande sensibilité musicale, son jeu nuancé allait de pair avec le grand art de Quasthoff.

Salués d'une standing ovation, les deux artistes offrirent trois bis : Widmung de Schumann ainsi Der Musensohn et Seligkeit de Schubert. La soirée se termina donc dans la joie.

Crédit photographique : © Jim Rakete / DG

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