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Les sept dernières paroles du Christ revisitées à l’orgue

Voici une idée originale : proposer l'une des plus célèbres œuvres de dans une version orgue. Eternellement, cet instrument reste celui de la transcription, capable de remplacer tous les autres. Mais ce que nous entendons ici se situe bien au-delà : Comment Haydn lui-même n'a-t-il pas pensé à l'orgue pour cette œuvre ? Pourtant ces « sept paroles » ont déjà fait l'objet dans le passé de diverses versions transcrites ou adaptées. L'orgue semble pourtant tout destiné au thème même de ces textes. Plus tard, au XX° siècle, Charles Tournemire proposa à son tour une vision organistique de ces textes.

Cet enregistrement nous permet également d'entendre l'un des plus beaux instruments de la capitale, construit à la fin du XVIII° par le grand François-Henri Clicquot, et miraculeusement conservé en grande partie. Certes aujourd'hui, l'orgue est malade, dans l'attente d'une restauration, mais tellement attachant et émouvant. Déjà Jean Boyer nous l'avait fait découvrir dans les années 70, avec un splendide microsillon STIL consacré à Pierre-François Boëly. Il nous revient aujourd'hui avec bonheur, sous les doigts inspirés de . En écoutant ces pages, et sur cet orgue typiquement Français, avec ses mélanges caractéristiques de chœur d'anches, de fonds, de flûtes ou de voix humaine, on ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec certaines œuvres françaises de la même époque. La ressemblance est frappante : Jean-Jacques Beauvarlet-Charpentier, le célèbre organiste de Notre-Dame, n'est pas bien loin. D'ailleurs, Mozart lui-même, logeant dans le Marais lors de ses séjours parisiens, a entendu jouer à Saint-Paul ce grand organiste, et en a même retenu quelques thèmes. L'idée première de l'un de ses concertos pour piano prend sa source dans un Offertoire pour orgue du Sieur Charpentier.

Du coup, le côté théâtral de l'œuvre de Haydn prend toute sa dimension ici. Chaque parole concrétisée par une sonate trouve son climat propre grâce à la registration souvent contrastée. L'introduction et le tremblement de terre final sont brillamment imagés par les anches puissantes et pures de l'orgue de Saint-Nicolas, moment terrible ! Certaines registrations préconisées par les maîtres français sont ici utilisées, en particulier le mélange irrésistible du jeu de voix humaine mêlé aux fonds en seize pieds, d'une délicieuse suavité. donne à ces pages de style classique toute leur noblesse et leur portée. Les différents plans de l'orgue avec ses effets d'échos orchestralisent encore plus cette œuvre, musique descriptive et suggestive s'il en est : le mystique Haydn sonne ici dans toute sa puissance et sa dimension.

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