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Le Stabat Mater de Dvořák par Harnoncourt, inoubliable

Une musique qui nous laisserait tel quel mériterait-t-elle quelque considération appuyée ? Rien à craindre à cet égard après l'écoute du Stabat Mater op. 58, pour quatre solistes vocaux, chœur mixte et orchestre, que le Tchèque écrivit au cours d'une période douloureuse de sa vie, marquée par plusieurs deuils insupportables.

Nous avions gardé un splendide souvenir d'une version du Stabat Mater gravé par Rafael Kubelik (DG) il y a une trentaine d'années. Et, quelle n'a pas été notre surprise de prendre connaissance du travail récent (2007) entreprit par avec le chœur et l'orchestre de la Radio bavaroise, ceux-là même qui escortèrent jadis le chef d'origine tchèque. La présente version affiche toutes les qualités nécessaires pour magnifier la douleur et l'humilité humaines sans le travers menaçant d'un ascétisme trop rigoureux.

Un investissement expressif, charnel, mystique et mystérieux, revient aux excellents solistes vocaux, profonds, impliqués, parfois déchirants. Quant au chœur et à l'orchestre, ils soulignent et illustrent magnifiquement le texte, sans virtuosité excessive mais avec un phrasé touchant, une retenue exemplaire et des options esthétiques inoubliables, respectueuses en tout point de l'esthétique romantique et slave du compositeur. Cette magnifique et profonde partition de 1876-1877 rejoint de plein droit les chefs-d'œuvre impérissables de Palestrina, Alessandro Scarlatti, Pergolèse, Haydn, Rossini, Poulenc et Penderecki… pour ne citer que les plus célèbres du genre. Et, grâce au travail de , en intime résonance de l'âme humaine, la pérennité du Stabat Mater sera assurée.

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