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Le Vin Herbé de Frank Martin, austère Tristan et Iseut

Quand enfin s'ouvre le rideau et que l'œil s'habitue à la pénombre qui s'efface peu à peu, on découvre un espace scénique placé au centre de la salle avec les gradins disposés face à face les uns des autres. Dans une fosse peu profonde, l'orchestre autour duquel sont disposés les chanteurs.

C'est depuis cette arène que les chanteurs graviront un tréteau en forme d'anneau pour jouer les scènes de cet oratorio. Comme tout le décor, tous sont vêtus de noir sauf Tristan qui porte une chemise blanche alors qu'Iseut la Blonde d'abord en robe noire, aborera la blancheur du vêtement qu'une fois le philtre bu. Si dans cette mise en scène, le Roi Marc et les deux protagonistes principaux sont aisément identifiables dans leurs actes ou dans leurs attitudes, le metteur en scène ne réussit pas aussi bien la personnalisation des autres personnages. La faute à un espace scénique limité, à un texte pas toujours intelligiblement prononcé, et à des actes difficilement exprimables dans une action relativement pauvre.

Une certaine monotonie orchestrale confère un caractère de sagesse calviniste à cette œuvre austère de . Il faut cependant reconnaître que de ces sonorités comme étouffées sourdent des climats émotionnels intenses. Même si c'est à l'investissement de chaque soliste qu'on doit les moments parmi les plus émouvants de cette soirée.

Si malheureusement, la plupart maîtrisent mal la langue française chantée, ils croient à leur mission artistique et s'en acquittent avec brio. À commencer par le ténor islandais (Tristan) dont la voix sombre donne belle allure au personnage qu'il défend. À ses côtés, la soprano (Iseut la Blonde) offre la blancheur d'une voix équilibrée à la candeur de son personnage. Si malheureusement la basse , (Le Roi Marc) souffre d'une émission nasale de la voix rendant son discours incompréhensible, la mezzo-soprano (Iseult aux Blanches Mains) convainc d'une part par son engagement théâtral sans borne et d'autre part, par une parfaite diction française dans une voix magnifiquement timbrée.

On reste toutefois enthousiasmé par l'investissement de chacun dans la réussite de ce spectacle. C'est suffisamment rare pour être souligné.

Crédit photographique : Sinéad Muhlern (Iseut) © Michel Cavalca

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