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Brovtsyn avec fermeté

Orchestre Philharmonique de Liège Wallonie-Bruxelles

Si la salle Henri Lebœuf du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles n'était pas si pleine ce jeudi soir, une belle parcelle de jeunesse donnait à l'avant-musique un grouillement particulier. De la jeunesse mais suffisamment d'autres gens pour déchaîner les toux les plus énergiques ; en soliste ce soir dans le public, un puissant «éternueur» qui s'attaque à quatre reprises au second mouvement de la Symphonie de Haydn… Après des applaudissements dès le premier mouvement, les expectorations caverneuses du malade et les cris d'indignation désespérée de quelques puristes, le chef fait respirer la salle et l'orchestre, et peut s'engager dans le concert avec un peu plus de calme et de discipline chez ses ouailles du jour. Car il s'est bien agi de musique après ce crapahutant départ…

L'Orchestre Philharmonique de Liège soigne les coloris de Haydn en accumulant les suggestions musicales contrastées, avec un évident souci de raffinement… Il clôture avec maîtrise un premier moment délicat… Changement de scène et de ton lors de l'entrée de , décidé (sans un seul doute, jamais…) à en découdre avec la vertigineuse partition d'Henri Vieuxtemps… Le brillant Concerto n°4 du prodige belge, professeur à Saint-Pétersbourg, à Bruxelles, au milieu du XIXe siècle… Brovtsyn prend l'attitude du cow-boy en duel, violon pendu, prêt à dégainer, pendant l'introduction majestueuse du Concerto. «Une symphonie avec un violon principal», selon les mots de Berlioz qui n'eut à l'égard de l'œuvre que des propos élogieux. Et Brovtsyn se lance avec une «pêche» réjouissante vers les sommets virtuoses de l'œuvre… Avec une étonnante sûreté, un jeu ferme qui tient l'oreille sans l'effrayer, le violoniste russe se joue des arpèges, doubles et triples cordes, pour jeter à la face du public l'énergie débordante d'une musique généreuse. L'orchestre trouve remarquablement sa place dans une œuvre qui ne le réduit pas au rôle d'accompagnateur ; un rôle d'ampleur, de lyrisme, et de soutien au soliste, bien sûr… À l'écoute du violon, sans jamais faiblir, le chef anglais trouve un équilibre subtil auprès d'excellents musiciens qui ne quittent pas le service d'un ensemble.

Et l'orchestre s'étoffe encore pour les Danses symphoniques (1940) de Rachmaninov, dernière œuvre du compositeur russe, musique de caractère en trois mouvements qui chante encore l'épanché nostalgique, audacieux quelquefois cependant dans un langage plus crispé. De la même façon qu'auparavant, l'orchestre et son meneur du moment démontrent d'évidentes qualités d'imagination, des musiciens qui saisissent leurs interventions avec justesse. Malgré les nombreuses intentions, les détails soigneusement dessinés, le jeu manque d'un souffle général pour couvrir les mille instants d'une œuvre d'envergure… Reste une formation pleine de fraîcheur que l'on souhaite retrouver bientôt.

Crédit photographique : © DR

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