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Death in Venice, Ian Bostridge trouve un des rôles de sa vie

Déjà présentée à la Monnaie de Bruxelles en janvier dernier, cette production de l'ultime chef d'œuvre de aura enchanté pour deux soirées le public du Grand-Théâtre de Luxembourg.

On ne décrira pas à nouveau la beauté ineffable de ce spectacle, importé de l'English National Opera. L'extraordinaire mise en scène de a en effet entièrement rendu justice à un ouvrage qui pourrait, dans des mains malhabiles, paraître quelque peu statique sur le plan dramatique. Ici, les scènes s'enchaînent les unes aux autres dans une succession de tableaux d'une beauté inouïe, et tout y est d'un rare degré d'accomplissement. On pourra louer sans retenue la plastique des décors, à la fois prégnants et légers, la pertinence des costumes ainsi que la direction d'acteurs, extrêmement travaillée. On a apprécié tout particulièrement les sublimes éclairages de Jean Kalman, ainsi que la chorégraphie lumineuse de , deux éléments qui ont fait des scènes des jeux d'Apollon un des sommets esthétiques et émotionnels de la soirée.

À une exception près, la distribution réunie à Luxembourg est la même que celle de Bruxelles, et elle y est forcément tout autant accomplie. Quitte à faire un léger reproche, on pourra peut-être trouver un peu ingrat le timbre du contreténor , dans les rôles assez courts du Voyageur et de celui d'Apollon ; la basse Andrew Shore, en revanche, a remporté l'adhésion par sa voix bien timbrée, et surtout par sa diction parfaite. Tous les autres personnages, qu'il s'agisse des solistes ou des membres du Chœur de la Monnaie, sont croqués avec saveur et compétence.

Dans le rôle de Gustav von Aschenbach, trouve un des rôles de sa vie. Doté de la voix idéale, qui lui permet de colorer à l'infini chacune des paroles du protagoniste, il se jette à corps perdu dans ce personnage fascinant dont il met en lumière toutes les facettes. Ne serait-ce que pour cette incarnation magistrale, les différents partenaires concernés se devaient de monter ce chef d'œuvre absolu lequel, avec un tel interprète, devrait normalement sortir du purgatoire dans lequel il a été quelque temps consigné.

, à la tête de l'Orchestre de la Monnaie, accomplit lui aussi des miracles de beauté et de transparence musicale. De telles réalisations artistiques sont rares, et on ne saurait que trop encourager nos lecteurs à réserver d'ores et déjà leurs places à Scala, où cet exceptionnel spectacle sera présenté en 2011. Il est clair également qu'une réalisation DVD s'impose…

Crédit photographique : (Aschenbach) © Johan Jacobs

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