- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Arabella Steinbacher : Les souffles de Fauré, Ravel, Poulenc

Cet enregistrement respire. Certes, il n'est pas interprété par des instruments à vent ou des voix. Raison de plus pour le souligner.

Une respiration qui aère le propos et lui donne vie, un souffle intense qui porte et transcende les mélodies. a déjà été honorée pour la rondeur de son timbre, pour l'intensité avec laquelle elle transmet les œuvres qu'elle interprète. Ici, elle s'immerge avec brio dans la musique française de Ravel, Poulenc, Fauré. A ses côtés, est un complice hors pair. Tour à tour discret et à l'écoute, ou occupant avec délicatesse et une grande musicalité l'espace sonore, il contribue à nous offrir un enregistrement empreint d'énergie et de poésie.

Le CD débute par la sonate pour piano et violon de Poulenc. En quelques secondes, l'auditeur est happé par la fougue puis la délicatesse de l'œuvre. Une énergie et une poésie permanente irradient toute l'œuvre. Les deux interprètes, totalement complices musicalement, rendent à merveille cette alternance constante entre deux souffles opposés mais d'une même intensité.

Vient ensuite la sonate op. 13 de . Composée en 1876, soit près de 70 ans avant l'œuvre précédente, elle paraît, par comparaison, profondément romantique. Sa place dans l'enregistrement fait ressortir la filiation du compositeur avec ses prédécesseurs, comme Saint-Saëns. Ici, tout est profondeur et intensité. Le souffle, dans cette œuvre, est celui de l'émotion, et les silences et respirations permettent de mieux s'en imprégner.

Retour à une musique plus épurée, avec le premier mouvement de la sonate de Ravel. Ici, ce n'est plus la même profusion de notes. Le vertige ne vient plus du tourbillon de sons ou d'émotions que l'on trouvait chez Fauré ou Poulenc, mais de la finesse avec laquelle la mélodie et l'univers musical sont sculptés autour du silence. Même les deux mouvements suivants, plus rythmiques et virtuoses ne font pas appel à une énergie faite d'effusions mais plutôt à une sorte de vitalité interne rendue audible. Dans cette œuvre particulièrement, Steinbacher et Kulek semblent puiser chacun leur énergie dans la musicalité de l'autre.

Tzigane est toujours une œuvre fascinante à entendre, qui transporte par sa musicalité et force l'admiration pour l'interprète. Une façon de conclure cet enregistrement comme l'on termine un concert, par un feu d'artifice musical.

(Visited 300 times, 1 visits today)