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Neujahrskonzert 2009 avec Daniel Barenboim

Pour son premier Neujahrskonzert apporte incontestablement son style et sa personnalité à cette traditionnelle fête de la musique viennoise. Moins pétillant ou fulgurant que certains, moins carré, sombre et pesant que d'autres, il s'inscrit dans la lignée des symphonistes qui traitent ces musiques, particulièrement les grandes valses, comme des petits poèmes symphoniques avec leurs différents épisodes s'enchainant entre une introduction et un final. Cela donne un aspect plus narratif et dramatique que festif, qui lorsqu'il est bien fait, comme cette fois-ci, ne se ressent pas comme un contresens mais comme une des multiples façons d'envisager ces œuvres.

Notons tout de suite que le programme proposé est un des plus sympathiques de ces dernières années, alternant comme de coutume pièces célèbres et œuvres moins rabâchées, mais si ces dernières s'avèrent certaines années d'un intérêt musical à la hauteur de leur discrétion dans l'échelle de la célébrité, ce n'est pas le cas ici, où toutes les œuvres choisies sont de belle facture. Barenboim les aborde sur un ton sérieux mais jamais sévère, préservant, grâce à l'usage d'un tempo de base modéré qui ne semble pour autant jamais lent, sa capacité à accélérer ou ralentir selon l'expression recherchée. Il donne ainsi une certaine souplesse à sa direction, moins que Kleiber par exemple, mais plus que Maazel ou Mehta. Ce qui permet aux œuvres plus longues (dont les plus célèbres valses) de progresser jusqu'à leur fin sans donner l'impression que tout est dit dès le départ. D'ailleurs Barenboim réussit plutôt bien ses «sorties», accentuant la dynamique, vivifiant le phrasé, accélérant légèrement le tempo, déclenchant ainsi assez spontanément les applaudissements du public. L'oreille exercée reconnaîtra également la couleur orchestrale «habituelle» de ce chef, qui n'est pas obsédé par l'allégement du son ni par la recherche d'une lisibilité poussée entre les pupitres, pas plus qu'il n'essaie de nous éblouir par la simple virtuosité de son orchestre à qui il conserve un aspect global et solide, non dénué d'un bon sens rustique qui fonctionnent assez bien, en particulier sur certaines marches.

L'originalité de cette édition, bicentenaire de la mort de Haydn oblige, est l'intrusion d'un extrait d'une des nombreuses symphonies du père de la symphonie classique. Barenboim n'a pas choisi la plus spectaculaire (quoique !), mais plus malicieusement le final de la Symphonie n°45 «Les Adieux», où comme chacun sait, les musiciens quittent progressivement la scène, ce qui permit au chef et à ses Phiharmoniker de montrer leur talent d'acteur dans une petite mise en scène pleine d'humour très réussie.

On ne prétendra pas qu'il s'agit là de Strauss idiomatiques, on peut trouver plus de virtuosité ici (Kleiber au premier chef), plus de sensualité hédoniste ailleurs (Karajan), plus de plaisir spontané (Jansons), pour ne citer que ceux qui, à notre sens, ont poussé et réussit le plus loin leur vision de ce répertoire, mais cette édition 2009 viendra, avec d'autres et selon les goûts de chacun, juste après grâce à l'originalité et la cohérence du style Barenboim et l'intelligence de la composition du programme. Et de la réalisation de ce DVD qui offre enfin la possibilité de choisir entre les versions avec ballet visibles en bonus et versions orchestres inscrites dans la continuité du concert. Exception faite pour Le Beau Danube Bleu dansé en direct dans le Musikverein par six jeunes pousses de l'Opéra de Vienne, qui s'achève dans la grande salle dorée au milieu des spectateurs. Pour la petite histoire, sachez que les versions avec ballet (donc en bonus sur ce DVD, mais au sein du concert dans les éditions antérieures) diffusées le 1ier janvier n'utilisent pas le son «en direct» du concert car trop risqué pour la synchronisation image et son, mais sont enregistrées sur la base des prises de son effectuées lors des concerts des 30 et 31 décembre (le Neujahrskonzert n'est pas unique mais toujours exécuté trois fois) et substituées habilement par la régie pour a diffusion télé.

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