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Frédéric d’Oria-Nicolas le magnifique …

Un pianiste qui recherche une certaine reconnaissance se doit de passer par des épreuves, jalons presque obligés d'une vie d'artiste qui décideront un jour de son rang.

Les sonates tardives de font partie de cette liste d'œuvres clés qui peuvent ouvrir ou refermer aussi malheureusement bien des portes. La prudence est donc de rigueur lorsqu'on décide de graver sa version et que l'on connaît celles des illustres prédécesseurs Horowitz, Richter, Sofronitsky, Serkin, Fisher, Brendel et surtout… Schnabel qui semble avoir la faveur de . Si, pour ce dernier, la reconnaissance est déjà acquise par ses pairs et le public, la Sonate en si bémol majeur D960 reste une épreuve de virtuosité mais aussi d'humilité même s'il la joue en concert depuis l'âge de 21 ans.

Reste à nous promener à ses côtés en compagnie du Wanderer, ce qu'il fait à merveille en imprimant à la partition de la D960 la respiration et le tempo qui en fait une des plus belles pages du romantisme. Le pianiste nous offre une vision éclatante et humble à la fois, vision jamais bousculée, toujours guidée, qui nous laisse en suspend, plongés dans une rêverie proche de l'extase. Les mots ne servent plus à rien, il suffit d'écouter et surtout d'entendre résonner notre âme sous les marteaux en ondes sonores exquises et revitalisantes. On pourra objecter que ne donne pas assez la noirceur que l'on accorde habituellement à cette sonate d'un Schwammerl en fin de vie mais il est bon, parfois salutaire, de ne pas insister sur le côté sombre de la force ! Comme on rapproche souvent le deuxième mouvement Andante sostenuto d'une symbolique de mort, nous voici plutôt plongés dans un tableau impressioniste nous renvoyant ses couleurs chatoyantes et sa lumière contrastée. Pas étonnant, du coup, que le Scherzo Allegro vivace con delicatezza suive les mêmes traces, sur un ton pastoral, gai et bondissant. Nous aimons, nous aimons beaucoup même… Et lorsque la sonate se termine, ce sont deux joyaux qui nous attendent encore dans les transcriptions de Liszt des Lieder Der Muller und der Bach et Der Doppelgänger. Deux facettes de la personnalité de Schubert mises en miroir, celui du romantisme «fleur bleue» de Der Muller und der Bach et la Sehnsucht de Der Doppelgänger, nostalgie des sentiments tournés vers le passé. Rien à dire tant tout est clair et si le disque se termine par la Valse-caprice n°6 c'est bien pour en faire une belle fête de ce moment passé avec Schubert, Liszt et notre pianiste.

Espérons que nous nous serons remis de cet enregistrement pour accueillir la tête froide le prochain enregistrement Grieg/Medtner prévu en 2009 que réalisera en compagnie du violoniste . En attendant savourons ce Schubert/Liszt comme il se doit.

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