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Tout Rautavaara en symphonies !

Le label finnois Ondine est fidèle des partitions du grand dont il propose, en CD et DVD, l'intégrale de son œuvre.

A l'occasion de ses quatre vingt ans, la firme réunit dans un petit coffret l'intégrale de ses huit symphonies. Ce qui fait, à tarif économique, une introduction parfaite à l'univers de ce créateur. Composée entre 1955 et 1998, cette somme consacre le compositeur comme un symphoniste majeur de la période post-1945. Commencées sous le signe néo-classique, style qui dominait la scène finlandaise après 1945, ces symphonies digèrent ensuite le sérialisme dominant avant de s'épanouir dans un style «néo romantique» âpre et puissant qui fait la force et l'originalité de ce créateur.

Ecrite en 1955/56 lors d'études à la fondation Koussevitzky, la symphonie n°1 fut retravaillée à plusieurs reprises par le compositeur. Sa dernière version, créée en 2003, évoque les rugosités acides et sarcastiques d'un Chostakovitch. La Symphonie n°2 (1957) évolue plus sur le versant un peu carré du Stravinsky de la Symphonie en trois mouvements. Le matériau de cette partition est tiré d'une série de préludes pour piano. Tout comme la Symphonie n°1, cette pièce fut remise sur le métier et réorchestrée des années après sa création.

La Symphonie n°3 (1961) offre un contraste saisissant. Dans ces années de dogmatisme sériel intégral, le compositeur regarde vers la musique germanique, mais plus vers la massivité des grandes symphonies de Bruckner que vers les expérimentations de Berg et Webern. L'influence du maître de Saint Florian est évidente avec un instrumentarium qui reprend des tubas wagnériens. Le côté granitique de Bruckner est ici rejoint par une plongée dans un univers décharné et pessimiste, on pense alors à certaines partitions de Schnittke.

La Symphonie n°4 (1964-1968) témoigne des explorations du dodécaphonisme, c'est par ailleurs, l'unique symphonie sérielle écrite en Finlande ! La maîtrise de l'orchestration dépasse certaines faiblesses d'inspiration qui font de cette pièce la moins intéressante des huit symphonies. C'est également la plus courte avec une durée à peine supérieure au quart d'heure. Cette symphonie (réécrite en 1986) marqua une période de transition dans l'écriture du compositeur qui ne revient à la symphonie qu'à la fin des années 1980. Les quatre dernières symphonies marquent une nette rupture dans l'écriture du Rautavaara qui arrive alors à un degré exceptionnel de maîtrise de son art tout en se créant un univers symphonique personnel qui regarde autant vers le passé (Sibelius, Mahler, Bruckner, Chostakovitch, Rachmaninov…) que vers le futur avec une musique humaine et touchante. L'unique mouvement de la Symphonie n°5 est scandé par une pulsation qui alterne les crescendos et les diminuendos avec des effets aussi massifs que dramatiques mais avec des ondulations de lumières qui font parfois penser à…Messiaen.

La Symphonie n°6 «Vincentiana» (1992) est tirée de l'opéra Vincent de 1987 qui narre des épisodes de la vie de Vincent Van Gogh. Les quatre mouvements sont des peintures orchestrales baignées de lumières. La lente et décantée Symphonie n°7 «Angel of light» (1994) et la réjouissante n°8 «The Journey» (1999) avancent encore plus dans cette quadrature d'un cercle musical riche, mélodique, humain et varié, synthèse de toute une vie créatrice.

Côté interprétation , et font briller leurs orchestres et servent, sur un plateau, des prestations inspirées.

Loin des querelles d'écoles et jalousies de chapelle, ces huit symphonies forment un tout qui prend sa place dans l'Histoire de la musique. A prix réduit, c'est évidement une belle affaire !

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