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Katsarava en slavorama

Déjà entendu dans Chostakovitch en formation chambriste, en quintette ainsi qu'en duo avec alto, le pianiste explorait cette fois en solo, à la salle Cortot, un répertoire de piano slave s'étendant de la fin du XIXème siècle – sous l'influence de Chopin – jusqu'au début du XXIème siècle, dans un style touchant les confins du jazz et de la musique savante.

En un peu plus d'une heure et quart de musique, Katsarava a interprété 25 pièces de musique différentes dont 6 des Préludes op. 1 de Szymanowski et 13 des Préludes op. 11 de Scriabine. Jouant sans filet, car les pièces courtes exigent une restitution immédiate des ambiances et des couleurs, il caractérisa les atmosphères les plus variées. Chez Szymanowski, le sentiment pudique (Prélude n°2), le doute qui s'embrase (n°7), les regrets qui s'étouffent en colère (n°8), les adieux (n°9). Avec Scriabine, la nostalgie (Prélude n°2), le vif-argent d'un poisson dans l'eau clair (n°3), l'orage furieux (n°8 – tout est dit en quelques mesures), l'art de la demi-teinte (n°10), l'emportement (n°11), ou encore un au revoir résigné, les paupières humides (n°17). La Sonate n°4, à la structure par définition plus développée que les Préludes, et à la conclusion virtuose typiquement scriabinienne, permit à Katsarava de convoquer sa technique d'acier quand la nécessité artistique l'imposait.

La courte pièce Hommage à Dimitri Chostakovitch, du compositeur biélorusse , se situe à la confluence du piano classique et de l'improvisation du jazz. Cette ambivalence est sans doute un hommage à la versatilité du style du maître à qui elle est dédiée. Dans cette œuvre composée en 2006 – l'année du centenaire de la naissance de Chostakovitch – qui sait habilement ne pas tomber dans une hybridation de mauvais goût façon cross-over, Katsarava restitue dans les sections jazzy de la partition tout leur caractère (faussement) improvisé.

Crédit photographique : ©DR

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