Comédie musicale ou cabaret dramatique, plus qu'opérette de circonstance, LULU est une adaptation économe et kitsch du livre de Wedekind.
Mark Tompkins a remisé ses atours de danseur et de chorégraphe pour endosser celui de chanteur interlope et expressionniste. Pour confier au compositeur portugais Nuno Rebelo le livret qu'il a adapté de Lulu, il a attendu de trouver la jeune femme qui l'incarnerait, lointaine réminiscence de la Louise Brooks filmée par Pabst. Las, celle-ci n'est ni bonne comédienne, ni bonne chanteuse, malgré un physique agréable et souriant.
Les scènes, intercalées de notices explicatives lumineuses ou prononcées à haute voix par les accessoiristes figurants, se succèdent, relatant la déchéance de cette femme fatale. Le mystère est ténu et l'inquiétante interprétation de Mark Tompkins ne suffit pas à soutenir l'attention. La mise en scène est banale, peu inventive, à l'exception du renfort de la vidéo parfois utilisée avec esprit. L'un des principaux duos entre Lulu et le fils de son protecteur est ainsi filmé par caméras miniatures interposées (voir photo).
On souhaite à ce livret et à cette partition parfois savoureuse d'être mis en images avec plus d'ambition et de rigueur, dans une production qui rendrait hommage à cette sombre histoire. On souhaite aussi que les producteurs trouvent pour incarner les personnages (tous les personnages ?), des interprètes plus exigeants, tant scéniquement que vocalement.