Opus Arte édite en DVD, l'unique production scénique de Saint François d'Assise, dans le cadre du Centenaire Messiaen de 2008. C'est donc tout l'intérêt de cette captation filmée lors des représentations amstellodamoises de la pièce.
Le parti-pris du metteur en scène (de placer l'immense orchestre à l'arrière de la scène) permet de donner un cachet intimiste à cet opéra du mysticisme et de la démesure. La camera peut donc se concentrer sur le petit espace à l'avant scène ou se déroule l'action. La proximité fait naître une empathie pour les personnages et donne réellement l'impression de se dérouler dans un univers sombre. La caméra apporte une humanité à la prestation de Rod Gilfry ; on sent le chanteur touché par le personnage et porté par la musique. Tout compte fait, cette réalisation apporte un indéniable plus à une scénographie qui se perdait un peu sur le vaste plateau du Muziektheater.
L'épreuve vidéo rend aussi service à la direction d'Ingo Metzmacher qui mène ses troupes promptement et avec une énergie plus terrestre que céleste. Même si l'on pourrait rêver de lenteurs magiques et mystiques, le chef allemand conduit l'ouvrage avec un soin du détail et de la progression dramatique qui évitent tout ennui. La distribution, non francophone pourtant, se sort plutôt bien, des redoutables pièges de la partition. Rod Gilfry, hautement concerné par son rôle, s'impose comme un interprète majeur du personnage autant par sa prestation musicale que scénique.
Le soin «Opus Arte» adjoint différents bonus dont les traditionnels documentaires : trois petits films de cinq minutes qui fonctionnent comme un sympathique «back stage» qui plonge le spectateur au cœur des répétitions avec des interventions des artistes : des musiciens de l'orchestre au metteur en scène. C'est une approche assez originale qui mérite un regard attentif…
On pourra toujours dire que ce DVD est très intello et qu'on ne le regardera pas tous les jours. Mais par sa qualité musicale et le soin apporté à l'édition (quel son !), il se range fièrement sur les étagères des vidéothèques.