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Mahler 8 et Gergiev : dans le mil(le) !

La Symphonie n°8 «des mille» de Mahler demande un tel rassemblement de forces que tout est fait pour que chaque exécution soit une réussite et chaque enregistrement un chef-d'œuvre.

De toutes les versions existant au disque de ce colosse symphonique, aucune ne pêche réellement. poursuit son ascension malherienne avec un enregistrement une fois encore exceptionnel.

La Symphonie n°8 de Mahler est avant tout un opéra qui s'ignore – surtout dans sa seconde partie (fin du Second Faust de Goethe), servi sur ce CD par un plateau très en voix, issu pour la plupart du Théâtre Mariinski. La prononciation de l'allemand est parfois exotique avec des «r» roulés plus que de raison, mais qu'importe. L'ensemble des solistes n'appelle que des éloges, en particulier le ténor Sergey Semishkur, probablement un des meilleurs Doctor Marianus de la discographie de l'œuvre, et la basse , dont la noirceur du timbre correspond à merveille au personnage du Pater Profundus.

La prise de son, elle aussi exemplaire d'autant plus que faite dans un des pires endroits pour la musique (la cathédrale Saint-Paul, immense boite de réverbération), laisse le chœur légèrement en retrait, qui apparait ainsi comme une composante supplémentaire de l'orchestre et un commentateur de l'histoire narrée par cette symphonie-fleuve. Pour une fois le chœur d'enfants – l'excellent Choir of Etham College – est audible. Quant à l'orchestre…

avait surpris par ses lectures presque iconoclastes de Mahler (Symphonies n°1, n°3, n°6 et n°7). Il devient ici plus «conventionnel», prenant moins de libertés avec la partition, mais la «pâte» Gergiev reste là : tension constante et fortissimi presque criards (passage orchestral juste avant «Infirma nostri corpori», finale de la première partie) alternent avec des moments extatiques, suspendus, comme hors du temps (entrée de la Mater Gloriosa). L'auditeur, via la précision dans la définition de la prise de son en SACD, est littéralement embarqué dans ce voyage symphonique. Une version de référence, à placer aux côtés de celle de Pierre Boulez (DGG), Leonard Bernstein (DGG), Solti (Decca), Rattle (EMI) et Gielen (Sony).

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