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Bouleversante Waltraud Meier

Gürzenich-Orchester Köln

Ce fut un moment de pure magie. Lorsque entonna le fameux Abschied, dernier mouvement du Lied von der Erde de , le temps semblait suspendu à la Philharmonie de Cologne. Certes, Meier ne dispose pas des graves somptueux d'une Kathleen Ferrier ni du médium de bronze d'une Janet Baker. Mais la beauté de son timbre, immédiatement reconnaissable et tellement riche en couleurs, et cette capacité unique de transporter l'émotion grâce à un jeu subtile des nuances et une diction exemplaire – sans jamais tomber dans l'artificiel – font d'elle une des plus grandes mahlériennes du moment. Et tout cela d'une Isolde, d'une Léonore, d'une Ortrud. Chapeau ! Heureusement, Meier trouve en un partenaire à sa guise. Renonçant à sa gestuelle souvent au bord du maniérisme, il transcende ses musiciens obtenant d'eux une trentaine de minutes d'une grande beauté (sublimes solos des vents !) et gorgée d'émotion.

Dès le début de cette deuxième partie d'ailleurs, Stenz s'est avéré très à l'aise dans l'univers mahlérien, tirant un véritable feu d'artifice de l'orchestre – quitte à couvrir par moments le ténor soliste. , à la voix étonnement claire pour un ancien baryton, vaillante et de couleur assez métallique, surmonte sans grande peine les nombreuses difficultés des premiers mouvements, mais se fatigue quelque peu dans le redoutable Trinklied vom Jammer der Erde, notamment lorsqu'il tente d'alléger son émission dans l'aigu.

En première partie, Stenz et son orchestre avaient proposé la Symphonie n°4 de Beethoven. Après un premier mouvement trop véhément, presque agressif par moments (cette œuvre, écrite dans la tonalité lumineuse de si bémol majeur, n'a pourtant rien à voir avec les symphonies qui la précèdent et la suivent), les choses se calmaient avec un adagio d'une belle poésie. Le scherzo volontairement rustique fut suivi d'un finale pris à très vive allure – pas vraiment un allegro, ma non troppo –, mais d'un entrain enthousiasmant.

Crédit photographique : © Nomi Baumgartl

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