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Marc Coppey et Peter Laul, belle assurance du jeu

Le programme de la soirée était un hommage à Mendelssohn dont on fête cette année le 200e anniversaire de la naissance. La première partie a été consacrée à deux Sonates en ré majeur, l'une de Jean-Sébastien Bach et l'autre de Félix Mendelssohn. Ces deux œuvres se rapprochent l'une de l'autre par leur tonalité et leur titre, mais également par le lien unissant les deux compositeurs : rappelons que c'est Mendelssohn qui redécouvrit, au beau milieu de la période romantique, la musique du grand Bach reléguée aux oubliettes. Après l'entracte, on a d'abord entendu une œuvre contemporaine de Zimmermann, Intercommunicazione (1967), où se succèdent essentiellement des notes à valeurs longues au violoncelle, dans lesquelles tons, timbres, sonorités, techniques et expressions varient à l'infini. Exploitant toutes les possibilités sonores de l'instrument, cette pièce exige du musicien une exceptionnelle concentration, d'autant que dans la majeure partie du morceau, chaque note est «dénudée». Le piano n'y est pas un accompagnement, ni une partie d'un duo, mais joue plutôt un rôle de ponctuation, prenant le relais du violoncelle, hormis au point culminant de l'œuvre. Le reste du programme a été constitué de petites perles du romantisme allemand.

En début de concert, le jeu des deux solistes semblait retenu, voire un peu crispé par endroits, surtout dans Bach. C'est avec Schumann, dans la seconde partie, après les Variations de Mendelssohn, que la musique s'est épanouie de plus belle. Le violoncelle sonnait pleinement, changeant de visages en fonction des caractères de chaque morceau, dans des chants amples («Adagio» dans Adagio et Allegro, «Lentement» des Cinq pièces dans le style populaire), à travers de surprenantes variations du timbre («Nicht schnell, mit viel Ton zu spielen» des Cinq pièces), ou encore dans un rythme caractéristique animé («Vanitas Vanitum» des Cinq pièces)… Quant au piano, la légèreté et l'agilité des doigtés dans des passages rapides allaient de pair avec la subtilité et la délicatesse des accords posés, mais aussi avec la violence sonore de moments plus grandioses, et ce, dans une parfaite fusion avec le violoncelle. a fait montre ici de son excellence en tant que chambriste, tant pour son expressivité que pour sa technique. Les deux musiciens se complétaient ainsi merveilleusement tout au long du concert.

La soirée s'acheva avec de très belles interprétations de l'opus 109 de Mendelssohn et, en bis, avec la transcription par Liszt de «O du mein Holder Abendstern», extrait de Tannhäuser de Wagner, présentée toujours dans le cadre de l'hommage à Mendelssohn. Un pur moment de musique dans le Théâtre des Bouffes du Nord, dont l'intimité est parfaitement adaptée à la musique de chambre.

Crédit photographique : © DR

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