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Rameau demeure toujours charmeur, quel que soit son habit !

Musiques à la chabotterie

Depuis bien longtemps maintenant, l'ensemble «» que dirige depuis son hautbois ou sa baguette virtuelle l'excellent , s'intéresse à ce phénix de la musique française que fut Rameau. Une collection consacrée à cet auteur est en cours, dont voici le deuxième volume dédié aux pièces en concerts, quelque peu re-orchestrées par , «mises en simphonie». A l'instar de Bach, son exact contemporain, Rameau écrit une musique, d'une part tournée vers l'avenir, et qui se prête également à diverses formations musicales, voire adaptations qui fonctionnent parfaitement dans la plupart des cas.

C'est cette projection vers l'avenir qui sans doute contribue à nous la faire aimer aujourd'hui avec nos oreilles pourtant bien encombrées et polluées par notre grouillant XXIe siècle. Les pièces proposées ici sont bien connues, par leurs compositions originales issues de pièces pour le clavecin. Par la suite elles devinrent sous la plume même de leur auteur, les fameuses pièces en concert, ou le royal clavecin s'entoura de quelques instruments complices. Peu importe d'ailleurs l'ordre dans lequel toute cette musique s'est transformée, tels les chassés-croisés sont nombreux et souvent étonnants, surtout passionnants.

Cette version qui utilise toute la «simphonie», c'est-à-dire tout l'orchestre, et nous rappelle une ancienne et excellente version des années 60, enregistrée par Louis Auriacombe et sa phalange toulousaine. C'était pour l'époque une découverte de taille : que savions nous alors vraiment de Rameau ? Dans les divers concerts présents ici, on reconnaîtra quelques célébrités : le Vézinet, la pantomime, les tambourins, la timide, et on regrette même quelques absents de taille comme la poule, l'égyptienne, ou l'enharmonique. Sans doute y aurons nous droit lors d'un prochain volume, puisque une collection est en construction.

, (rompu aux couleurs de l'orchestre baroque français), réussit à merveille, avec cette manière unique de mêler à l'unisson les vents et les cordes, une alchimie sonore unique, et les thèmes se succèdent avec une imagination étourdissante. Chaque pièce est annoncée sur le disque par une voix, comme à l'entrée d'une soirée de fête, par quelque chambellan. Qui d'autre à cette époque là, écrivit une musique aussi captivante, sensuelle et savante, pour que l'on se sente toujours incapable de la lâcher ?

On reste ici sous le charme, grâce à une interprétation soignée, qui tire toute sa sève d'une inspiration débordante, d'un musicien génial, organiste à ses heures, mais qui hélas ne laissa aucune musique connue pour cet instrument. Dommage, mais les compensations sont de taille, dont ces pièces en concerts, joyeuses et épanouies, qui demeurent de scintillantes pierres précieuses.

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