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Exposition Noureev au Centre National du Costume de Scène

Sur les pas d'un mythe

Tout pour la danse, une vie pour la danse. Telle aurait pu être la devise de Rudolph Noureev, danseur inoubliable au destin légendaire. Le CNCS de Moulins lui rend aujourd'hui un très bel hommage avec une exposition destinée à faire redécouvrir le mythe à travers plus de cent costumes de scènes et autant de précieux documents, tels que des photographies, des affiches ou encore des films.

Le visiteur, tout au long du parcours, est happé par l'image obsédante de Noureev : une omniprésence qui nous fait toucher du doigt le personnage légendaire et nous le rend plus proche et plus humain. La scénographie, en noir et blanc, constitue l'écrin le plus élégant pour cette exposition sans aucune fausse note. La visite de chaque salle est accompagnée d'extraits musicaux, le parcours est fluide et construit avec pertinence. C'est un chemin de vie qu'il nous est donné de voir, mais sans jamais tomber dans le pathos larmoyant : l'exposition est avant tout axée sur l'œuvre artistique de Noureev, et non pas sur sa vie privée. Chaque costume semble raconter une histoire, une précieuse anecdote. Telle cette cape noire que portait Noureev lors de son entrée en scène dans Le Lac des Cygnes. «J'aime bien m'embobiner et me débobiner dans ma cape», disait-il à ceux qui se moquaient de la longueur démesurée de l'étole. Ou encore ce pantalon maintes fois rapiécé qu'il porta dans Le Corsaire et qui lui servit pour toutes les représentations du ballet.

Si Rudolph détestait son image photographiée, il connaissait par contre parfaitement son corps et savait le mettre en valeur. Les pourpoints qu'il se faisait confectionner sur mesure visaient à magnifier l'architecture de son corps ainsi que sa taille très fine de 67 cm, tout en permettant bien entendu une grande liberté de mouvements. Il n'y avait pas de détail mineur aux yeux de Noureev : tout avait son importance. Cette exigence justifie la beauté des costumes qu'il choisissait pour ses productions : teintes subtiles et ornements fastueux, le textile se fait bijou et témoigne de la splendeur des ballets. Noureev aimait l'opulence, l'abondance, le grandiose : ses costumes nous rappellent les fastes des ballets impériaux et nous transportent aux quatre coins du globe. L'exposition se clôt avec un extrait de l'Acte des Ombres de La Bayadère. Un ballet testament que Rudolph avait réussi à remonter alors qu'il était déjà miné par la maladie. De chaque côté de l'écran sont suspendus des tutus, comme autant de clins d'œil au corps de ballet de l'Opéra de Paris que Noureev adorait.

Le visiteur, pour sa part, reste suspendu à un rêve, conscient de la justesse des propos de Noureev lorsqu'il disait «Tant qu'on dansera mes ballets, je resterai vivant». Ce n'est qu'un au revoir Monsieur Noureev…

Crédit photographique : © Richard Avedon

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