Le cinquantenaire du décès de Bohuslav Martinů reste désespérément lettre morte chez les éditeurs discographiques comme les programmateurs de concerts – en tous cas en France. Heureusement il reste quelques initiatives individuelles.
Ce qui suscite l'intérêt chez ce compositeur est la vivacité rythmique, l'effusion de mélodies, la variété infinie de couleurs qu'il sait trouver dans toute formation instrumentale. Las, Pascal Verrot et son Orchestre de Picardie ne livrent qu'une vision honnête de ce compositeur, sans folie excessive, sans effervescence particulière, sans flamboyance (à l'opposé d'un récent album Bernstein). Les sonorités sont ternes, malgré une mise en place irréprochable. Si cela peut convenir aux deux premières œuvres concertantes, d'esprit néoclassique, tout effet comique tombe à plat dans la moderniste Jazz suite.
Les deux œuvres avec solistes (Sinfonietta giocosa, Toccata e due canzoni) ne sont pas à proprement parler des concertos, mais des œuvres pour orchestre avec piano principal. La virtuosité des pianistes (respectivement Claire Désert et Lidja Bizjak) n'est jamais sollicitée, mais celles-ci savent se fondre dans une trame orchestrale riche. Un album peu entraînant qui a tout de même pour qualité son homogénéité.